DES PAPOUILLES A PAPOU
Quand j'ai appris qu'un chef Papou allait venir planter un arbre avec les enfants à Arcachon, je dois dire que les bras m'en sont tombés. Je me suis même surpris à rigoler doucement en visualisant la scène puis je me suis interrogé. Si la respectabilité et la mission de Mundiya Kepanga ne peut pas être mise en doute et que tout ce qui peut ouvrir les consciences est bon à prendre, le choix de la ville d'Arcachon est le paradoxe total avec le maire de la ville Yves Foulon alias Foufou complètement addict au bétonnage. Un peu comme si Pierre Rabhi allait boire le champagne à l'assemblée générale de Mosanto ou que Bachar el- Assad allait faire un discours sur les droits de l'homme à l'ONU. Certes le chef Papou veut à juste titre d'abord sensibiliser les enfants mais l’édile ne va surtout pas manquer de figurer sur la photo et d'applaudir à tout rompre à la projection du documentaire. Si à chaque selfie avec Mundiya il pouvait planter un arbre, la cause avancerait plus vite. C'est Luc Marescot le co réalisateur avec Marc Dozier de ce beau documentaire qui a voulu faire plaisir à sa petite sœur Claire pour créer l' événement à Arcachon. Cette dernière conseillère municipale béni oui oui a mis tout son dynamisme pour ajouter du vert à l'image de son seigneur. Donc je suis allé en quête d'informations pour en savoir plus sur ce chef Papou et ma conclusion est que nous avons affaire à un sacré client. J'adhère totalement à sa personnalité hors norme et à la cause qu'il défend mais mon esprit critique relève quand même quelques petits points à mettre en lumière. C'est avant tout une histoire humaine entre Marc Dozier et Mundiya Kepanga. Une de ces rencontres qui bouleverse votre vie. Le réalisateur est entré pleinement dans la quête de ce peuple et a voulu lui rendre la monnaie de la pièce en proposant de le mettre en lumière aux yeux du monde occidental afin de défendre sa cause. Après plusieurs séjours en France Mundiya a très vite compris les faiblesses et le fonctionnement de l'homme occidental pratiquant l'art oratoire avec malice comme à son discours à la COP 21 en disant :
« -Avant moi, les hommes blancs ont parlé 30 minutes chacun, pour ne pas dire grand chose et vous me laissez que 5 minutes. Alors excusez moi si j'en prend 6. »
Il paraît même qu'il ne serait pas insensible aux charmes de la femme blanche, qu'il adorerait le Ricard et les discothèques. Les réalisateurs ont vite compris qu'ils pouvaient avoir un nouveau Roani en se demandant comment être le plus efficace en médiatisant son image. Ils ont choisi de le pipoliser en l'affichant un peu comme un épisode de télé réalité et le bonhomme y a pris goût effaçant quelques peu son objectif philosophique. Le voir déguisé en Elvis Presley ou entre deux filles du Lido me semble ne pas avoir de sens quitte à laisser la crédibilité sur le glaçage des photos. Déjà que défendre une telle cause est presque désormais mission impossible car les puissants et les dirigeants se fichent royalement des états d'âmes d'autochtones de lointaines contrées et que le citoyen lambda se lamente intérieurement des désastres écologiques puis passe à autre chose. Parler aux enfants reste l'ultime recours car Mundiya ira chercher l’innocence dans leurs yeux pour essayer d'allumer une conscience qui pourrait être plus importante que de trouver l'endroit pour recharger le smartphone. Il a raison car dans les yeux de ses hôtes, il ne verra que...pas grand chose au milieu des sourires de compassion. Alors un chef Papou à Arcachon est certes surréaliste mais après tout...tant que le seigneur est content et que ses oailles pourront observer le couchant de la biodiversité sombrer au pied de la dune du Pilat dans l'obscurité d'un écosystème sans lune, le cul sur le sable du banc d'Arguin.
Au buffet après la projection Mundiya(MK) et Marc Dozier(T) son traducteur attendent la venue du maître des lieux. Le chef Papou a remarqué que la boisson anisé de l'homme blanc lui ouvre l'esprit comme par magie et que son absorption sans être mélangé avec l'eau de Veolia lui présente toutes sortes de personnages et d'animaux légendaires qui gambadent dans sa tête. Foufou(F) alias Yves Foulon maire d'Arcachon suivi de près par sa fidèle adjointe Vévette alias Yvette Maupilé(V) déboulent sourire aux lèvres et bras grand ouvert pour être immortalisé par l'objectif de Bernie alias Bernadette Dubourg(B) journaliste à Sud Ouest qui attend dans un coin de la salle en se goinfrant de petits fours.
F«-Ah mes amis quel beau film! J'ai encore les larmes aux yeux.
MK-(Ce petit ver luisant dégage de mauvaise ondes) en langage pidgin
F- Euh... que dit notre bel ami?
T- il vous remercie pour votre accueil.
Mundiya fixe le regard de Vévette en vidant son verre d'un trait.
MK-(Cette femme avale des couleuvres et ferme les yeux comme un petit singe, il me la faut. Dis lui que je la veux comme troisième épouse.)
F- Dès demain je change le mobilier de mon jardin et le pont de mon bateau.
T-( Vas mollo sur la boisson Mundiya, je ne peux pas traduire ton offre. Je te rappelle que nous sommes invités.)
Vévette est troublée par le regard du chef. Elle regarde autour d'elle mais mise à part Bernie qui se ramène la bouche pleine pour prendre la photo, c'est bien sa personne qui hypnotise Mundiya.
MK-(Il y a plein de fourmis rouges dans l'esprit de petit ver. Je dois lui offrir un petit champignon pour le sauver)
T- (Euh...Je crois que ce n'est pas une bonne idée)
MK- (les visions seront bonnes pour son âme. Alors donne lui en un)
Mundiya sort une petite pochette en cuir pour en retirer un petit champignon noir tout sec qu'il tend à Foufou.
T- Vous devez avaler ce petit champignon. C'est une coutume de sa tribu en signe de bienvenue. Refuser serait une offense.
F- Non non... Pas de drogue. Mis à part le mojito bien corsé de Vévette, je ne touche à rien.
T- Pas d'inquiétudes, c'est un vitalisant naturel pour la santé.
B- Et moi, je pourrais en avoir un aussi ?
Mundiya en donne un à Bernie puis attrappe délicatement la main de Vévette pour lui poser un baiser avant de lui en faire avaler un aussi. Tout ce beau monde prend la pose pour la photo puis :
MK- (Bon il va falloir filer en douce car petit ver commence à s'agiter. On doit aller en face au Cap Ferret. Il paraît que le vieux chef blanc aime couper les pins et il me reste encore deux champignons)
Quelques minutes après avoir quitter les lieux, l'effervescence commence à monter autour du buffet.
F- Dis donc Vévette, j'ai le dos qui me démange. J'ai l'impression que des branches veulent sortir et que des racines poussent sous mes pieds. Mais regarde toi, tu as plein de plumes. Tu ressembles à un dindon.
V- Mais c'est vrai monseigneur. Glou Glou Glou...Glou Glou Glou
B- Quelqu'un peut il me traduire ce que disent ces huitres qui parlent toutes en même temps ?!... Tiens c'est bizarre j'ai des écailles sur la peau ?!
PS : Vivement la photo officielle !!