ADDICTION AU MOJITO
Nico est vautré dans le canapé cuir du salon de la somptueuse villa de sa belle mère. Torse nu en short de bain il sirote un mojito tout en jetant un œil sur un match de tennis sur le plasma. Des gouttes de sueurs perlent sur ses tempes grisonnantes et ses mains tremblent de plus en plus:
« - Carlita je n’en peux plus. Je deviens fou. 100 jours d’abstinence totale. Pas une seule ligne dans les journaux. Il me faut du bling bling , de la niaque, du speed.
- Cool chouchou, regardes tranquillement le match de Tsonga.
- J’en peux plus aussi de kinder bueno, il a la lose et moi j’aime les winner. Quand je vois l’autre schamallow dunkanisé s’affichait partout avec sa pétasse, cela me rend dingue. François prend le train, François à la mer, François au camping, François au marché. Pour un mec qui se voulait normal, il en devient presque banal.
- Ne penses plus à lui doudou, tu te fais du mal puis arrêtes de boire des mojitos.
- C’est la faute à tes amis gauchistes qui ont essayé de me corrompre l’esprit et maintenant que je suis au chômage, j’en conviens que cette boisson m’aide dans mon sevrage. J’en ai marre aussi de cette baraque. Si on partait quelques temps dans notre nouvelle résidence secondaire comme dirait Estrosi que j’ai acheté à bon prix à mon ami Momo. Le bougre est coriace en affaire mais j’ai réussi à l’avoir pour 5 patates. Puis Assez de manger les pâtes et les pizzas de ta mère, allons manger du couscous, des tajines, des dattes à l’ombre d’un palmier marocain.
-Calmes toi baby doux. Tu devrais recompter ta collection de montres.
-Déjà fait, les 10000 avec les dix mille, les 30000 avec les trente mille, les 100000 avec les cent mille.. Au fait, un petit caillou s’est décroché de la 500000 euros que tu m’avais offerte. C’est Giulia qui l’a récupéré et avalé. Comme la maison de ta mère n’est pas raccordée au tout à l’égout, on le récupèrera dans la fosse sceptique.
-Je te rappelle que ta fille porte encore des couches.
- Comme Liliane? Comme c’est bizarre.
Non non et non Carlita chérie, il faut que j’intervienne, que je montre que j’existe encore. Je pourrais peut être mettre mon grain de sel dans le dossier Syrien.
-Je ne crois pas que c’est une bonne idée.
-Moi les dictateurs je connais. J’en ai bisouqué une tripotée. Il faut savoir les manier ces gens là. Ils aiment le bling bling eux aussi. T’as vu ce que j’ai fait à Omar. Alors comme Ben, le Bachar je vais lui conseiller de mettre fissa les voiles dans un pays ami ou il pourra satisfaire tous les plaisirs de sa tendre épouse. Il n’y a que ce pauvre Hosni qui s’est fait chopé. Je rigolais bien avec Hosni. Je me demande bien si je ne lui est pas refourgué une centrale nucléaire nouvelle génération car il ne voulait pas des avions de Sergio. Il préférait l’amerloque, c’était plus tape à l’œil… Tu as raison Carlita, Attendons que BHL aille mouiller sa chemise à Alep ou à Damas.
-Tu sais petit chou on pourrait aller aussi au Pyla ou mieux au Cap Ferret. C’est in.
-Surtout pas je n’ai pas envie que l’on nous traine pour manger des huitres à foison et de plus est, laiteuses. Puis l’autre d’Arcachon, je ne le supporte plus. Depuis qu’il est député il n’arrête pas de m’envoyer des textos. Je pense que je vais le présenter à la Nadine.
-Tu n’aura qu’à prendre de la triploïde.
-Triplo quoi?
-Non rien chéri, mes ongles sont presque secs.
- Trouves moi une couverture de magazine. Même Voici je suis preneur. Si tu perds le bide de ta grossesse et que tu te promènes en string c’est Paris match assuré.
Dis donc, là je crois que tu as dépassé les bornes. A cause de toi je suis grillé partout mais pourtant je suis encore avec toi. Alors mollo sur le Mojito.
A cet instant Giulia entre dans le salon en frottant ses petits yeux. Elle est trop chou. Elle sort de la sieste et elle a le hochet . Comme c’est mignon. Nico profite de la pénombre pour se cacher derrière le canapé avant de surgir devant elle tel un lion sur sa proie en rugissant dans ses oreilles dans l’espoir de lui faire passer son hoquet.
La petite encore ensommeillée pousse un beuglement de terreur faisant éjecter le petit caillou qui était coincé dans sa gorge. Nico s’empresse de ramasser la pierre précieuse :
-Carlita, nous avons affaire à une fille de droite. Elle reconnait ou est le pognon, elle sait le cacher et sait le redonner au moindre danger.
-Arrêtes de suite le Mojito…
Allez, il est encore temps d'aller se griller la couenne.