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LE CRI DE LA BERNACHE
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LE CRI DE LA BERNACHE
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11 novembre 2023

UNE CHANSON SOUS LA PLUIE

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Quel étrange paradoxe! Il y a quelques temps j'avais écrit qu'avec et à cause du dérèglement climatique nous allions devenir la Californie et aujourd'hui je suis en train de consolider ma barrière après une série de tempêtes automnales et des journées entières de pluie incessante. Soudainement Monsieur Bonsens apparaît devant moi en tenue de Gene Kelly faisant tournoyer son parapluie fermé.

«-I'am singing the rain , Just singing in the rain...

-tu ne trouve pas que tu exagères un peu avec la situation actuelle ?

-Pas du tout mon cher ami, bien au contraire. C'est ma petite vengeance personnelle pour tous les membres de la Factory du bassin d'Arcachon qui n'ont pas voulu écouter mes conseils. Certes je te l'accorde il a beaucoup plu mais sans être un épisode cévenol et tout le réseau des eaux usées a explosé de partout et les étrons flottant sur les inondations dans les jardins résidentiels constitueront un bon terreau pour la pousse des coquelicots le printemps prochain . Les gondoles sont même de sortie à La Teste de Buch et «Pluto» alias Patrick Davet le maire vocifère son fiel aux propriétaires d'une zone artificialisée pour qu'il entretiennent leur terrain afin de contrôler le ruissellement des eaux de pluies sur des sols bétonnés. Avoue que la situation est cocasse. Alors je préfère chanter :
I'm singing the rain, just singing the rain...

-Arrête tes conneries, en Picardie ils dérouillent sévère et avec cette succession de tempêtes, la conche du banc d'Arguin qui a été tronçonné comme une vulgaire tranche de jambon a mis à mal les parcs ostréicoles et sa filière dans toute la France.

-Tu as raison et je ne me permettrais pas de me réjouir de ces malheurs. Seulement je remarque que la mémoire a cette étrange faculté d'effacer ou d'occulter facilement les choses que l'on voudrait oublier. Je me rappelle quand tu écrivais des billets ou tu critiquais fermement le Parc Naturel marin pour avoir permis l'extension des parcs à huîtres dans la conche. Je me rappelle aussi toutes tes discussions ou tu alertais des dangers de cette décision en précisant que cette conche faite de sable entourée d'eau n'aurait aucunes chances face à la montée des océans et au changement climatique et que tu avais reçu moult mails qui te traitaient de trou du cul inculte. Certes, c'est très triste...je compatie... mais quand je vois sur toutes les chaînes infos le «Ché Labanos» alias Olivier Laban président de la conchyliculture et le proprio du Routioutiou condamné définitivement par le tribunal pour avoir vendu plus d’huîtres qu'il en produisait pleurer sur le naufrage de la profession et toute cette mise en scène orchestrée par le SIBA (syndicat intercommunal du bassin d'Arcachon) dont «son Altesse Sérénissime crèmes antirides» le président et maire d'Arcachon avait fait même déplacer le préfet qui avec presque un revolver dans le dos implorait rapidement des aides financières conséquentes à l'état pour ne pas gâcher les repas de fêtes de fin d'années, j'ai envie de vomir et je préfère chanter:

I'm singing in the rain, just singing in the rain...

Puis cette chanson ne parle que d'amour rien que d'amour, de bonheur et rien d'autre et aujourd'hui je trouve qu'il en manque cruellement sur cette planète.»

Monsieur Bonsens entame quelques pas de danse avec ses claquettes, ouvre son parapluie puis il disparaît dans le vent qui se lève. Je file alors vers la plage au bout de ma rue pour que les prémices de la tempête qui arrive puissent laver mon esprit de toute la folie de ce monde et de cette actualité anxiogène. Le bassin est déchaîné et la grosse houle fait danser les bateaux restés encore au corps mort. Sur la plage les bourrasques entament leur chant d'attaque et les vagues qui se fracassent sur la digue lancent d'immenses gerbes d'eau comme un bouquet de feu d'artifice. Je déteste les tempêtes quand je suis à l'abri mais je reste fasciné quand je leurs fais front. Plein de choses me passent par la tête puis je ne pense plus à rien, j'observe, j'attends je ne sais quoi ou une réponse à mes maux existentiels du moment. Je suis extrêmement bien mais quand les gouttes de pluie de l'averse sont venues frapper mon visage, je ne sais pas pourquoi j'ai pensé à ces pauvres enfants palestiniens qui cherchent désespéramment simplement de l'eau dans le fracas des bombes israéliennes qui tombent sans discontinuité et sans la moindre réaction de l'humanité qui perd de son sens par son silence. Le monde s'enfonce sur les dilemmes de l'antisémitisme et les punaises de lits n'existent plus à Paris, pour essayer de donner une légitimité à ces actes barbares au nom de la vengeance, de la lutte du terrorisme mais en omettant tous les autres peuples qui souffrent et qui luttent pour les même causes et tous ceux qui se noient encore en méditerranée. je voudrais tellement que cela cesse... Lutter contre l'antisémitisme est bien sûr une évidence mais une évidence qui doit se fondre avec la lutte contre le racisme et toutes ses dérives, au même pied d'égalité et que l'humanité se doit de combattre au nom de la paix et la liberté.

Sur le chemin du retour les mots et la chanson de Monsieur Bonsens me reviennent en tête et l'espace d'une seconde je suis perturbé. J'ai le cœur gros, je suis mal à l'aise face à ma réflexion mais finalement je me persuade que quelque part il a raison, que l'amour doit toujours triompher que le reste importe peu mais qu'il faut sans cesse le revendiquer pour croire et espérer que le monde sera meilleur. Dans la rue les gens rangent le mobilier de jardin, le vent siffle sur les tuiles, un chat file se réfugier à l'abri en rasant la clôture et le chien stupide d'un de mes voisins aboie comme d'habitude à mon passage. Je regarde le lampadaire qui vient de s'allumer et entame deux ridicules pas de danse, je lève les yeux au ciel et chante:

«-I'm singing the rain, just singing the rain...»

 

 

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