L'IMMORALITE MISE EN LUMIERE
C'est dans un article du Figaro que j'ai appris cette terrible nouvelle, même pas dans les journaux ou réseaux locaux. (chose faite à ce jour, du bout des lèvres ou du stylo) Le conservatoire du littoral va devoir expulser «Papi Gaston» 85 ans vivant dans une cabane de résinier.
Furax? Je dirais non… En colère? je dis oui… Très en colère? Sans aucuns doutes...Dégouté? Il y a vraiment de quoi l'être… Désabusé? Je ne veux pas l'être, ce serait donner satisfaction aux fumiers qui prennent une telle décision. Je préfère combattre cette injustice immorale. Depuis le début de cette affaire j'ai pris fait et cause pour Jean Claude Gaston dit «Papi Gaston» Fin février 2022 je faisais sa connaissance:
C'est en voyant sa bouille dans la presse que les souvenirs de mon grand père ont refait surface. Outre les similitudes de la ressemblance physique et le parcours de vie différent mais quelque part réciproque du côté terroir(résinier pour Jean Claude et ostréiculteur pêcheur pour mon grand père), que j'ai voulu en savoir plus sur cette sordide histoire de vouloir expulser un brave homme de sa maison par un simple claquement de doigt administratif. Je me suis donc rendu sur place pour rencontrer «Papi Gaston» et écouter son histoire.
Au siècle dernier on construisait des cabanes de résiniers pour y installer des familles pratiquant le métier du gemmage pour récolter la résine des pins et entretenir de ce fait la forêt. Ces cabanes étaient constituées à l'identique, d'une conception très simple. Rectangulaire avec deux à trois pièces de vie orientée plein sud et la face nord protégée par la forêt. Une charpente traditionnelle, panne centrale, lambourdes, voliges, liteaux et tuiles plates marseillaises. La cabane de Jean Claude est située à côté de la station de rétention d'eaux usées Lagrua et juste à côté de la voie rapide qui avant constituaient son jardin forestier. Le bruit des voitures est assez assourdissant mais il me dit :
«-C'est plus les motos, quand il sont à plusieurs qui me dérangent, les autos j'arrive à les oublier.»
Après guerre, ses parents s'installent dans cette cabane et il apprend le gemmage avec son père mais très vite l'industrie chimique rendait son travail de moins en moins rentable. Alors vers quinze ans il se fait embaucher dans une entreprise du BTP ou il posa les bordures de trottoir des rues de La Teste et d'Arcachon, jusqu'à sa retraite. Pas d'enfant, c'est avec son fidèle compagnon qu'il passe des jours tranquilles dans cette cabane isolée. En mai 2020, un chêne centenaire s'affaissa sur la toiture explosant une charpente bouffée par les bestioles mais qui fossilisée tenait l'ensemble de la cabane. En allant voir de plus près l'arbre au sol, je remarquais que la base de l'arbre semblait pourri mais pas attaqué par les termites ou les capricornes et à quelques mètres un immense pin majestueux et tout aussi vieux dominait sur la butte de son jardin.
«-Si celui là te tombe dessus, tu es mort, lui disais je
-le chêne a commencé à être malade quand ils ont passé un tuyau de pétrole juste à côté et quand ils ont refait les travaux à la station.
-Comment ça refait les travaux?
-oui ils se sont aperçus que le béton n'était pas étanche. Alors ils ont tout cassé et pompé toutes les nappes phréatiques autour pour solidifier les bassins»
Malgré les dégâts, l'ossature de la cabane n'avaient pas bougé. En effet ils avaient utilisé du mâchefer dans la construction des murs et je peux vous dire qu'il vaut mieux avoir une bonne mèche pour faire un trou dans l'enduit. Effectivement une réparation urgente s'impose mais une expropriation paraît absurde et injuste. Le Frère de Jean Claude qui gère cet imbroglio m'en apprend un peu plus sur les péripéties du site Lagrua engagé par le SIBA et m'indique que le maire de La Teste n'a même pas bougé le petit doigt préférant envoyer le CCAS pour qu'il le reloge rapidement afin de ne pas faire d'esclandres avec le conservatoire du Littoral.
«-un petit appartement au deuxième étage avec un petit balcon pour le chien me dit tristement Jean Claude.»
Un voisin qui a crée un comité de soutien m'informe qu'une solidarité s'est organisée et qu'il dispose des moyens nécessaire à la réalisation des travaux, que les forestiers sont prêt à fournir le bois gratuitement mais qu'il faut l'accord du conservatoire et des autorités pour pouvoir agir.
Moi qui croyais être tranquille pour papoter avec Papi Gaston, ne voilà t'il pas que se pointent Madame la députée Sophie Panonacle accompagnée d'un gars du conservatoire du littoral et d'un artisan charpentier pour évaluer les risques d'effondrement et déterminer la nature des travaux. La Dame bien sapée, très classe déborde d'énergie et elle semble vraiment prendre cette affaire à cœur.
Il est vrai que les élections législatives ne sont pas loin mais je reste en retrait à observer les conversations qui s'engagent. Très rapidement elle va dans le sens du comité de soutien et elle est même furax d'apprendre que c'était un des appartements qu'elle réserve en urgence aux femmes battues que le CCAS voulait lui proposer. Les rancœurs politiciennes sont tenaces. Après l'inspection le charpentier me disait qu'il n'y avait pas péril en la demeure, que les travaux n'étaient pas si méchants et qu'il se proposait à les faire juste en rentrant dans ses frais. Désormais il faut juste convaincre le conservatoire du littoral et la mairie de La Teste pour trouver le bon compromis et le consensus qui pourra permettre à Jean Claude de rester dans sa demeure. Quoi qu'il en soit, il faut sauver «Papi Gaston».
A plusieurs reprises j'ai envoyé des mails à la député et après quelques lettres mortes je recevais enfin… une réponse.
Les pluies d'automne ont été très abondantes et l'hiver qui pointait son nez allait laisser le froid glisser sous la bâche toujours en place sur sa toiture. Je réussissais enfin… à contacter Nathalie Madrid la déléguée du conservatoire du littoral d'Aquitaine.
Une réponse lunaire passablement mensongère qui montrait bien que les dés étaient jetés et que la dame s'en lavait les mains tel Ponce Pilate.
Beaucoup de noirceur, de fumées opaques dans cette affaire humaine mais quelque soit les sources, les raisons, la dignité d'un homme ne doit pas être bafouée d'un claquement de doigt surtout que les solutions existent, qu'une solidarité entraînant une réparation ne coûterait aucun euro à l'état. HONTE au conservatoire du littoral et HONTE à vous madame la député dont vos mots que vous lui avez adressé sont aussi vaporeux que vos actes. Il faut médiatiser cette histoire, dénoncer aussi le silence des seigneurs, incapables de résoudre un problème ou la conscience humaine est mise à l'épreuve sûrement par peur de paraître faible face à leurs propres ambitions. HONTE A VOUS.
C'est notre devoir en tant que citoyen de redonner un toit à monsieur Jean Claude Gaston pour qu'il puisse finir sa vie en toute sérénité dans le seul endroit qu'il a connu et vécu et que la joie illumine encore son visage en voyant son fidèle chien courir dans la forêt. Après… mesdames et messieurs rond de cuir des instances et des administrations vous pourrez démolir cette cabane mais laissez lui encore du temps, du sens à sa vie à «Papi Gaston» S'il vous plaît...
Une pétition circule: