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LE CRI DE LA BERNACHE
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18 mai 2016

GUET APENS

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Ces week end du mois de mai ont attiré les touristes en masse sur le bassin d'Arcachon. En se penchant un peu on arrive à sentir l'odeur de la saison qui arrive. Les tiroirs caisse s’entraînent à cracher la monnaie, les nappes sont astiquées à la va vite et pas de petit Aylan qui traîne sur la plage même si l'eau est encore un petit peu fraîche pour se trempouiller gentiment. Et oui il fallait faire la queue pour pouvoir étendre sa serviette sur le sable en ce disant que aujourd'hui « ça va mieux » et que l'on ne sera pas debout. Notre Zaza (alias Isabelle Galinier directrice de la communication et du tourisme) frétillait en voyant les colonnes humaines gravir la dune du Pilat aussi envieuses que des maliens voyant la mer au sommet d'une dune libyenne, aussi joyeuses qu'un prix Nobel de la paix vendant 40 milliards de dollars d'armes à Israël et au Qatar. Un contingent d'incontinents arcachonais se pressaient d'aller à l'église en priant que le nouveau maire de Londres Sadiq Khan ne fasse pas couler la city. Se faire pomper du fric par Sarkozy oui, par un musulman non. Faut pas pousser. Même leur député maire chéri est d'accord avec eux en annonçant avant tout le monde la candidature de son chouchou. Le bougre, il se voit déjà les fesses dans un ministère envoyant des tweetos salaces à Nadine Morano. Comme l'autre dégueulasse de Denis Baupin et tous les autres qui ne donnent que des promotions canapés. Je sais bien que l'homme n'a qu'un sexe dans le cerveau et que la femme à un cerveau dans son sexe. Ces quinquagénaires et plus frustrés, aux charmes déclinants n'ont que le pouvoir qui peut redorer leur ego en pratiquant le harcèlement sexuel. De nos jours je trouve cette bassesse insupportable. Peut être faudrait il les envoyer en Arabie Saoudite pour recevoir 1000 coups de fouet ?  Non ce n'est pas une bonne idée. Ils seraient capable de dire merci.

 

La phrase du jour nous vient de Michou l'ami des stars alias Michel Sammarcelli maire de lège Cap Ferret :

« Les vacanciers qui viennent au Cap Ferret vont repartir épuisés. »  What Else ?!

 

 

Guet apens.

 

Paysan-Vosgien

Depuis plus de 20 ans Jean sillonne les petites routes de campagne pour essayer de refourguer tout ce qui est vis, boulons, grillages, perceuses et ponceuses au monde paysan. Au fil des ans il a réussi à tisser des liens avec ses clients en partageant leurs tranches de vie. Les enfants qui grandissent, les anciens qui partent ou simplement partager un instant de rigolade autour d’un verre ou d'un repas. Tous les soirs les différentes chambres d’hôtel  ont effrité profondément sa vie familiale et l'avidité des nouvelles recrues est sans pitié avec ses années d'expérience. Les temps sont durs, la crise est partout . Son carnet de commande a de plus en plus de mal à se remplir pour atteindre ses objectifs. Heureusement demain, il passera rendre visite à Raymond qui lui remettra du baume au cœur. Cet ancien première ligne de rugby bâti comme un colosse avec des mains en forme de battoir est la personne la plus gentille au monde qu'il connaisse. Malgré toutes les boites de vis encore neuves stocké dans son garage, il passe toujours une commande « Pour faire marcher le commerce » comme il dit. Sauf que depuis quelques temps, il ne lui commande plus rien et il en est presque gêné. Raymond est pris à la gorge et saigné comme un goret par ses créanciers, obligé de travailler sans relâche et sans vacances car ces messieurs de tout la haut ne veulent pas payer le juste prix.  « Des fumiers » comme il dit. Alors jean est bien décidé à lui remonté le moral avec des blagues salaces à deux balles autour d'un bon casse croûte, sans rien attendre en retour. En cette fin d'après midi, il entre enfin sur la longue route de la vallée qui même à la ferme. Il décide de tester le petit restaurant routier qui possède trois ou quatre piaules à mi chemin de chez Raymond. Même si il ne s'attend pas au grand luxe, il pourra faire un peu la grasse matinée pour être bien frais et au top pour la fin de semaine. En traversant une foret de sapin des panneaux publicitaires fabriqués main et cloués sur les troncs vantent les mérites des fromages de chèvre du père Gerbaux et d'après Raymond ce sont les meilleurs de la région. L'auberge « Chez Momone » apparaît tout au bout de la descente. Cette bâtisse à étage des années 50 est un peu défraîchie.Deux tracteurs stationnent devant et trois camions à bestiaux se préparent à passer la nuit sur le parking à coté. Au comptoir les chauffeurs et les gars du coin sont à l'apéro et les discussions vont bon train. Jean prend sa soirée étape puis monte dans sa chambre poser ses affaires. C'est tout aussi glauque que le reste. Tapisserie psychédélique des année 70 sur moquette rouge avec le lavabo d'époque et les toilettes au palier. Après un coup de fil à sa femme ou le manque de mots n'arrive plus à combler les silences c'est avec le cœur lourd qu'il descend pour aller dîner. Richard le patron est un ancien de la route. Il faisait l'international mais les années à bouffer le bitume et le changement des conditions de travail qui rognait davantage sa liberté lui ont fait jeté l'éponge. Alors avec sa femme ils avaient repris ce boui-boui au fin fond de la cambrousse pour se poser et souffler un peu.  Le visage jovial que l'alcool commence à accentuer de ses marques, des dents bien nicotinisées, portant une large chemise blanche d’où la bedaine s'échappe du ceinturon comme une grosse langue bien chargée il joue une partie de 421 avec les routiers.

« -Et il prend quoi le monsieur de la quincail ?

-Un Ricard s'il vous plaît répond Jean timidement 

Richard ne possède pas de doseur et sa main est lourde. Le jaune ressemble plus à un yaourt qui descend direct dans les talons pour rebondir aussi sec dans la tronche en uppercut.

« -Venez vous joindre à nous. Plus on est de fous plus on rit. Le perdant paye la tournée. »

Jean n'est pas très chaud par l'invitation mais après tout, il accepte car ces gars font un peu le même boulot que lui en avalant l'asphalte loin des proches. Après cinq ou six parties, le Ricard commence sérieusement à embrumer son cerveau et ses collègues de comptoir ne semblent pas mieux lotis. Ça commence à tanguer durement. Désormais Jean est dans un monde parallèle et sa main chaude aux dés renforce son euphorie.

« -Ce soir pour le repas c'est des tripes, cela vous va ? Lui demande Richard.

-Ben euh... j'avoue que je n'en suis pas trop fana, l'andouillette ça passe encore, les tripes je ne sais pas.

-Mais il ne connaît pas les tripes à Momone !! hurlent les joyeux drilles »

Justement Momone sort de sa cuisine en s'essuyant les mains sur un torchon pas très clean. Jean se demande si il ne faudrait pas ralentir sur l'apéro, car cette femme est une hallucination à l'état pur. Sa tête ressemble à une balle de tennis posée sur une barrique à vin mais le paradoxe vient de son visage qui est le sosie de Demi Moore dans sa jeunesse associé au bibendum de Michelin. Cependant le regard qu'elle lui lance démontre un caractère bien trempé.

«-Y a un problème ?! Le monsieur ne veut pas goûter mes tripes? Savez vous que même le député fait le détour pour s’asseoir à ma table et s'empiffrer d' une belle assiette. Lui dit elle d'un regard noir.

-Bon...Allons y pour les tripes. »

A table jean n'est plus qu'un objet de décoration pour ses nouveaux amis chauffeurs de gros culs qui eux semblent mieux tenir la route. Il est dans la quatrième dimension et quand les tripes à Momone arrivent sur la table il doit faire un terrible effort pour empêcher de faire remonter à la surface la boule de cacahuètes anisées qui dandine dans son estomac. Une forte odeur de merde le projette dans les latrines publique de Calcutta. Momone n'a sûrement pas assez rincé les tripes alors il va devoir demander de l'aide au vin rouge bio local. Ce breuvage âpre qui violasse la langue et qui tache fera plus facilement glisser la mixture, satisfaisant ainsi la maîtresse de maison. Quelques minutes plus tard Richard actionne la cloche accrochée à la porte de la cuisine :

« -Messieurs, les filles sont en place... »

Les routiers se lèvent d'un seul homme et embarquent Jean avec eux dehors. Tous zigzaguent pour aller derrière les camions ou se dresse une haute palissade en bois dans laquelle trois trous ont été percés avec des prénoms dessus : Monica, Irina, Christina. Les chauffeurs glissent 10 euros entre les planches et fourrent leur engin dans les orifices pour les ressortir quelques minutes plus tard en rigolant comme des baleines.

Le lendemain il n'est pas loin de 14 heures quand Jean ouvre ses yeux. Son cerveau met des dizaines de secondes pour réussir à lui envoyer une image fixe de la réalité. Il est encore tout habillé sur le lit avec son pantalon tout dégueulasse et la braguette ouverte. Sa chemise n'est guère mieux avec de grosses auréoles violettes et des boutons arrachés. Ses belles chaussures  sont tapissées de bouts de tripes vinifiées qui ont attaqué le cuir. Les images de la soirée ont disparu de sa mémoire. C'est le trou noir après le son de la cloche.La chambre soumise à une puanteur extrême d' alcool et de vomi lui rappelle l'urgence de la situation. Heureusement qu'il amène toujours des affaires de rechange et après une bonne douche il quitte l'auberge sous le regard hilare des patrons pour essayer de voir Raymond avant qu'il ne parte pour les champs.

Dans la cour de la ferme tout semble étrangement silencieux. Le chien qui d'habitude venait à son encontre en frétillant est couché sur le paillasson. Le museau posé sur ses pattes, il ouvre les yeux pour les refermer aussitôt. La porte d'entrée est grande ouverte et Jean s'attend à voir la mamie assise près du poêle à bois en train de lire le magazine « Point de vue images du monde » ou éplucher de long en  large le journal « l'équipe ». Elle est folle de l'OM pourtant elle n'y a jamais mis les pieds. Alors il va la chambrer en lui disant qu' en ce moment les joueurs ressemblent davantage aux chèvres du père Gerbaux. Cette mamie hors d'age clouée dans son fauteuil avec son tablier à carreau aime bien voir Jean. Elle peut discuter de sport et pourra enfiler un petit Porto qui rosira ses joues.

« - Et ou ils sont les Ostrogoths ?! S'écrie Jean en entrant.

La mamie est toujours dans son coin. Elle porte des vêtements d'un noir féroce qui détonne sur le teint gris cireux de son visage ou une bouche sèche presque neuroleptique amplifie le malaise.Ses rides se sont creusées profondément laissant entrevoir la pénombre du vide. Une mouche se pose sur sa joue puis trottine jusqu'au bout de son nez mais... elle ne la chasse pas .

« -Mon Raymond s'est pendu dimanche dans la grange. Ils sont tous au cimetière. » Dit elle d'un ton linéaire avant de replonger dans sa torpeur.

A cet instant précis Jean aurait voulu se transformer en une petite fourmi qui s'enfuie pour retrouver sa colonie et le mélange de solitude extrême avec les vapeurs éthyliques court-circuite ses neurones. Il démarre en trombe dans un état second laissant la ferme disparaître de son rétroviseur. Les premiers panneaux publicitaires des fromages le ramènent au réel tout en récupérant son enveloppe charnelle.

« - Putain les salauds, ils l'ont tué. »

Au panneau « Ferme à 50 mètres, jean s'y engage pour s'assurer que le père Gerbaux ne sera pas la prochaine victime et si l'occasion se présente, lui vendre aussi quelques quincailleries qui sauveraient sa journée. Comme bien souvent il n'y a personne pour l’accueillir alors il fait le tour derrière la maison pour y croiser quelqu 'un. Dans un grand enclos une dizaine de petites chèvres broutent paisiblement l'herbe généreuse et tout au fond une haute palissade de bois délimite la propriété sur laquelle il aperçoit un sac de gros sel de 25 kilos et trois trous avec ces inscriptions dessus : Clinton,DSK, Baupin. Les images de la veille refont surface dans sa tête.

« -Et il veut quoi le cacali ? »

Jean se retourne et découvre enfin le célèbre père Gerbaux.  Le vieux correspond totalement à l'étiquette de ses fromages. Un visage buriné par les saisons, des cheveux blancs bien crasseux, une barbe porc epic ou traînent des miettes de pain, les ratiches en touches de piano, des fringues de trente ans qui n'ont jamais goûté la lessive et des mains de charbonnier dont il nettoie les ongles avec son opinel.

« -Excusez moi je passais pour voir si vous n'auriez pas besoin de vis boulons ou de grillage pour vos bêtes et aussi parce ce que votre voisin Raymond est mort et que...euh...

-Brave type le Raymond. Même que toutes mes petites le connaissaient bien dit il en montrant ses chèvres. Mais je n'ai besoin de rien comme je ne demande jamais rien. Mais puisque vous avez découvert mon secret de fabrication, je suis sûr que vous allez vouloir goûter mes fromages. Justement ils sont frais de ce matin dit il en caressant le fil de son couteau.

-Ben à vrai dire je ne suis pas fana du fromage de chèvre.. mais je vais quand même en prendre un pour faire plaisir à ma femme.

me

 

 

 

 

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