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LE CRI DE LA BERNACHE
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9 mars 2010

SILENCE,ON TOURNE

lu dans Backchich info écrit par Laurent macabies  http://www.bakchich.info/

Scène surréaliste en Haïti. Au beau milieu des décombres de l’ambassade de France, les secouristes dépêchés sur place ont mené à bien une mission périlleuse : sauver le champagne de notre beau pays.

« Comment expliquerions-nous à des familles que leur fils ou époux est mort en sauvant du vin, du champagne ou du whisky ? » Le 29 janvier, devant le regard indigné des médecins et infirmiers du Samu 21 de Dijon détachés à Port-au-Prince, une dizaine de sapeurs-pompiers « spéléos » spécialistes des décombres, ont mené une dernière opération de sauvetage avant de regagner leurs pénates. Objectif : la cave de monsieur l’ambassadeur français !

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Une opération risquée à cause de l’instabilité du bâtiment mais drôlement bien organisée : deux secouristes ont été envoyés dans les ruines, pendant qu’une dizaine réceptionnait le butin. Le « trésor » méritait bien cette attention particulière. La cave de l’ambassadeur Didier Bret abritait des dizaines de caisses de champagne, cognac, whisky et grands vins.

L’État français ne perd pas une occasion de choyer ses représentants. Dans son dernier numéro, Le Canard Enchaîné (10/02) décrit une autre mission de sauvetage réussie, cette fois par Arno Klarsfeld.

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Envoyé par Matignon en Haïti pour « identifier les problèmes prioritaires à résoudre », l’avocat est rentré au bout de quinze jours avec Voltaire, le chat du numéro deux de l’ambassade, Christophe Quentel. Le haut fonctionnaire et sa famille avaient dû quitter l’île à la hâte, en laissant le félin.

D’après Klarsfeld, contacté par Le Canard, « Voltaire manquait cruellement à sa petite fille de 5 ans ». Cette fois, c’est le pinard miraculé qui a pu être transporté, sous bonne escorte, dans les locaux de l’état-major de la cellule de crise… Ouf, les soirées de monsieur l’ambassadeur sont sauvées.

Un article éclairant de Serge Halimi du Monde diplomatique  http://www.monde-diplomatique.fr/

Une dette providentielle...
Grâce à des injections plantureuses d’argent public, les banques ont retrouvé leurs couleurs. Elles émergent même de la crise financière plus grosses et plus puissantes qu’avant. Et donc plus susceptibles encore de prendre les Etats « en otage » lors de la prochaine tempête. C’est le moment que les gouvernements occidentaux et les banques centrales ont choisi pour sonner à nouveau le tocsin contre la dette.

Astucieusement mis entre parenthèses tant qu’il fallait débourser des montants dépassant l’entendement pour sauver Goldman Sachs, la Deutsche Bank ou BNP Paribas, le spectre de la faillite resurgit afin, cette fois, de hâter l’invasion des logiques de rentabilité commerciale dans des activités qui en étaient préservées (lire « Comment vendre à la découpe le service public »). Alourdi par la panne économique, le poids de l’endettement sert une fois de plus de prétexte au démantèlement de la protection sociale et des services publics. On prédisait, il y a un an, le coma des libéraux ; ils trouvent dans l’annonce répétée que « les caisses sont vides » l’instrument de leur résurrection politique.

Ils ne vont pas ralentir l’allure. La nouvelle coalition au pouvoir à Berlin a promis 24 milliards d’euros supplémentaires d’allégements d’impôts, alors que le déficit allemand atteindra déjà près de 6,5 % du produit intérieur brut l’an prochain (plus de deux fois le taux maximum autorisé par le pacte de stabilité et de croissance de l’Union européenne). Les conservateurs britanniques se sont engagés à diminuer l’impôt sur les sociétés. Et, en France, depuis l’élection de M. Nicolas Sarkozy, la droite a successivement supprimé l’imposition des heures supplémentaires, dressé un « bouclier fiscal » autour des revenus du capital, réduit les droits de succession et décidé d’éliminer la taxe professionnelle acquittée par les entreprises.

Jadis, les conservateurs se montraient soucieux de comptes en équilibre, au point de consentir à des hausses d’impôts. Depuis près de trente ans, au contraire, les déficits publics sont leur création consciente, destinée à paralyser les velléités d’intervention de la collectivité. Une pratique laxiste, qui ampute les recettes, se double d’un discours catastrophiste permettant de refouler les dépenses de l’Etat-providence.

« Reagan a prouvé que les déficits ne comptaient pas », répliqua en 2002 le vice-président américain Richard Cheney à son ministre des finances qu’inquiétait une nouvelle baisse des impôts directs. M. Cheney entendait par là que les déficits ne nuisent pas forcément à celui qui les décide, puisque Ronald Reagan fut largement réélu en 1984 après avoir triplé ceux-ci au cours de son premier mandat. Mais la contrainte budgétaire pèse plus lourd sur les successeurs, surtout quand on les soupçonne d’être prodigues au seul motif qu’ils ne sont pas de droite... Ainsi, pour avoir la moindre chance de faire adopter sa réforme du système de santé, M. Barack Obama a dû préalablement s’engager à ce qu’elle n’ajoute pas un cent au niveau de la dette publique. Quand, au juste, fixe-t-on ce genre de condition aux aventures militaires ?

En divisant par trois le montant de la TVA reversée par les cafetiers et restaurateurs, le gouvernement français a récemment sacrifié 2,4 milliards d’euros de recettes. Quelques semaines plus tard, au prétexte d’« équité », il a récupéré 150 millions d’euros en fiscalisant les indemnités journalières versées aux victimes d’un accident du travail. Bien qu’il montre d’excellentes dispositions en la matière, il lui reste du chemin à faire avant d’égaler Reagan. Car l’ancien président rendit beaucoup plus doux les impôts des plus riches, puis, parce qu’il fallait réduire les déficits (qu’il venait de creuser), il demanda aux cantines scolaires de comptabiliser le ketchup comme un légume, lorsqu’elles apprécieraient la valeur nutritionnelle des repas qu’elles servaient aux élèves...

C’est en Californie, l’Etat dont Reagan fut gouverneur, que démarra en 1978 la contre-révolution fiscale qui ensuite balaya le monde. Là-bas, les caisses sont aujourd’hui tout à fait vides (le déficit, chronique depuis une décennie, y atteint 26 milliards de dollars). Jeudi 19 novembre dernier, l’université publique a donc relevé ses droits d’inscription de 32 %. Précédemment, elle venait de supprimer deux mille emplois.

Serge Halimi.

Et pour ne pas oublier dame Xinthia, un reportage de france3. Ecouter bien l'interview du maire. (Toute ressemblance serait pure coïncidence....)


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