DES SINGES PAS AFFABLES
Chaque année à cette période j'entreprends de faire un rangement de printemps dans mon cabanon. C'est dingue le tas de cochonneries que l'on peut garder et qui ne serviront jamais à rien. Je suis du style à ne pas jeter mais vu la masse de bordel qui occupe l'espace, un voyage à la déchetterie s'annonce nécessaire. En ouvrant un carton poussiéreux mon regard tomba sur une vieille cassette VHS d'un film culte que j'avais adoré. Il n'en suffisait pas plus pour laisser mon esprit divaguer pour trouver la matière d'en faire une allégorie détournée avec la «Factory du bassin d'Arcachon». Alors histoire d'en remettre une 25 ième couche, ce fût assez "jubilatoire" de mettre en scène tous les membres, les personnages de la Factory du bassin d'Arcachon alias tous les édiles qui composent les instances de ce territoire et qui sont en train de s'enfoncer dans la mare de leur incompétence, de leur vanité mettant en pleine lumière leur responsabilité sur le déclin écologique, environnemental et sociétal du bassin d'Arcachon. En quelque sorte, ces douze notables imbus de leur personne, aux égos surdimensionnés pourraient devenir les principaux acteurs du film de Terry Gilliam «L'armée des douze singes», un film que je vous invite à voir ou à revoir. James Cole interprété par Bruce Willis est envoyé dans le passé pour essayer de comprendre en trouvant les responsables et coupables afin d'empêcher que la catastrophe humanitaire n'arrive. On pourrait attribuer ce rôle à un condensé de toutes les associations environnementales, citoyennes, de tous les lanceurs d'alertes, les sentinelles, de tous les dissidents qui pendant plusieurs décennies n'ont pas cessé d'alerter, de prévenir l'opinion publique, de combattre les décisions et les actes néfastes des membres de l'armée des 12 singes. La fin du film laisse le choix à notre imagination d'essayer de trouver le meilleur épilogue à cette tragédie, comme tous les défenseurs du bassin d'Arcachon qui en sont là aujourd'hui. Les 12 maires du bassin d'Arcachon ne peuvent plus nier l'obsolescence des réseaux des eaux usées et pluviales, de l'outrance des ravages d'un urbanisme non contrôlé et non conforme parfois, de l'évidence de l'avancée de l'érosion du littoral accéléré par le changement climatique qui détruisent inexorablement la biodiversité et l'écologie du plan d'eau ainsi que la qualité de vie des autochtones du bassin d'Arcachon. La sagesse voudrait qu'il n'y ait qu'un seul épilogue à cette situation en demandant la démission de tous ces responsables mais comme leur culpabilité ne peut être établie explicitement et que notre ministre de l'environnement et de la transition écologique Christophe Béchu aussi convaincant qu'un végan dévorant une côte de bœuf vient de détricoter la loi du zéro artificialisation des sols au nom de l'intérêt national et du développement des territoires, ce petit marquis donne une nouvelle arme, un nouvel alibi aux dénis des 12 singes et au clientélisme qui gravite autour, aux gourmandasses, aux promoteurs pour continuer à agiter ardemment les truelles et faire tourner les bétonnières à plein régime. Sur le bassin d'Arcachon le BTP ne connaît pas la crise. Ce constat difficile de contredire n'amène aucun état d'âme, aucune remise en question, la cupidité efface tout. «Droopy» alias Jean-Yves Rosazza le maire d'Andernos élu pour stopper le bétonnage de son prédécesseur doit être aujourd'hui un des principaux actionnaires des ciments Lafarge, à croire que sa dissidence contre la Factory du bassin d'Arcachon était un pseudo épiphénomène de façade pour justifier une différence qui n'en était pas une. La frénésie de construction d'immeubles dans sa ville dépasse l'entendement et le pompage des nappes phréatiques pour les parkings en sous-sol pourrait alimenter toutes les piscines olympiques de l'Hexagone. Le «Jack Lang du bassin» alias Xavier Daney le maire d'Arès n'est pas pas en reste. En lice pour la tronçonneuse d'or il sacrifie un bel espace boisé pour un nouveau lotissement de 14 lots afin que sa commune ne disposant que de 3,5 % de logement sociaux passe à 3,8 %. Il va devoir raser la moitié de l'Amazonie pour arriver au 25 % demandé par l'État. À Lanton la «Marine Morano Miss Turlutte» alias Marie Larrue la maire n'a pas perdu de temps aussi pour vendre illico le stade de football, les terrains de tennis et l'office de tourisme à un ami promoteur pour 130 nouveaux logements, ainsi les eaux usés de ces nouveaux occupants pourront davantage fertiliser les forets des alentours. C'est sa touche écolo à la blondasse. De la merde et du papier toilette...y a pas mieux. De 6% de logement sociaux on va passer à 6,5 %. Je dis bravo.
Sa voisine la «Ségolène des esteys» alias Nathalie le Yondre la maire d'Audenge ne fait ni mieux ni dans la dentelle. Comme elle ne comprend rien aux lois de l'urbanisme elle signe les permis de construire pour se retrouver perdante face à un vulgaire joueur de bonneteau à Barbès. Pour les autres bonobos je ne vais pas épiloguer, ce n'est guère mieux et peu glorieux en se vautrant dans la luxure des parties fines des barons Pichet et San José ou les lobbys servent les petits fours à la louche...
En fouillant au fond du carton, je tombais sur un vieux recueil des fables de Lafontaine ayant appartenu à mes grands-parents.Malgré la poussière il était en excellent état avec quelques petites annotations sur quelques pages. Je fus projeté à l'école primaire ou l'institutrice avait la fâcheuse habitude de m'envoyer au tableau pour la récitation, satisfaite par le dégoût que me procurait cet exercice. Aujourd'hui encore les premiers couplets du «Corbeau et du renard» sont imprimés dans ma mémoire. En le feuilletant je fus surpris de constater que la beauté des textes du 17 iéme siècle n'avaient pris aucunes rides et que les morales pouvaient s'appliquer à l'époque actuelle. Il suffisait que je lise «la grenouille qui veut faire aussi grosse que le bœuf» pour voir mes petits singes dansant en farandole sur la morale de cette fable:
Le monde est plein de gens qui ne sont pas si sage:
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.
(le page est un jeune homme noble attaché à une personne importante)