LE TEMPS AU COMPTE GOUTTE
Un.. deux.. trois.. quatre merles picorent les graines de gazon que j'ai fraîchement semé dans mon jardin. Ces enfoirés sont en train de réduire à néant mon ambition d'acquérir une main verte. Ils ressemblent à des poules qui grattouillent le sol en remuant leurs popotins. Mon chat qui prend le soleil sur la terrasse n'est même pas disposé pour une partie de chasse préférant juste ouvrir un œil pour observer les lézards qui sortent entre les planches. Finalement je suis content de voir que ces becs jaunes sont revenus me voir. Comme je suis heureux d'entendre le roucoulement des tourterelles et le bruit du vent dans cette atmosphère si particulière du confinement. Si le silence qui plane dans l'air me paraît délicieux, il me pose aussi beaucoup de questions mêlant le scepticisme à l'anxiété. Cette anesthésie partielle de la vie est quelque peu dérangeante car étant habitué à évoluer dans son ombre désormais je voudrais presque que la lumière revienne comme avant. Si le bleu du ciel est si limpide, l’absence de traces des longs courriers m’empêche de voyager. Je crois que la nature et sa biodiversité sont en train de nous dire quelques choses à l'oreille. Mon maudit voisin fait péter sa tondeuse pratiquement tous les jours mais je ne lui en veux même pas. Heureusement le beau temps est de la partie alors si les bronzés seront considérés comme des privilégiés, il faut se dire que la pluie aurait pu amener beaucoup de cordes sur les poutres. Nous vivons des moments surréalistes, inédits pour la plus part d'entre nous ou l'âme humaine libère le bon comme le mauvais. Si les gestes de solidarité font plaisir à voir, au moment du déconfinement d'autres comportements susciteront amplement l'usage de la tondeuse. Le travail de nos soignants mérite tout notre respect ainsi que tous ceux qui contribuent à ce que la vie se déroule le mieux possible. Nous sommes dans une autre dimension sans savoir l'épilogue de ce qui nous attend comme si le chaos voulait planer au dessus de nos tête. Même les cambrioleurs vont être au chômage partiel mais ils pourront toujours trouver les logements vacants de ceux qui ont trouvé refuge dans leurs résidences secondaires. Ma femme et moi continuons de travailler. Un choix pas évident surtout pour Isa qui côtoie l’hôpital et qui rentre à la maison avec une légère appréhension en retrouvant nos deux grands ados qui à ce jour tiennent heureusement le choc face à ce changement de vie. Pour ma part je pars quatre jours sur les routes ou les embouteillages n'existent plus ou les villes me jettent un regard fantomatique, ou les cours d'école sont silencieuses ou les Mac donald sont clos puis j'arrive à mon hôtel désert encore ouvert à attendre que le lendemain ne soit pas identique à aujourd'hui comme Bill Murray dans le film « Un jour sans fin ». Je ne veux pas me plaindre, je n'ai pas peur car je pense à tous mes amis aux quatre coins de la planète qui n'ont pas la même chance que moi. Je sais qu'il y aura une fin, un après covid19 mais pour le moment il faut juste rester solidaire en évitant le plus possible le flux incessant d'informations anxiogènes que les chaînes d'info diffusent en continu, juste pour ne pas finir zinzin.
Ce billet sera le seul et unique avant un retour normal de la situation. Je suis sûr qu'Uderzo aurait sûrement voulu que Panoramix nous livre sa fameuse recette de potion magique pour que nous puissions tous devenir des Obélix afin de revoir sur nos visages, le sourire enjôleur de Manu Dibango mais en attendant..
wait and see, take care and enjoy life.