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LE CRI DE LA BERNACHE
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15 janvier 2020

SACRE RAYMOND!!

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Pour commencer je vais faire un état des lieux du bassin d'Arcachon en ce début d'année 2020.

Arcachon est toujours la ville de la bourgeoisie bordelaise. Mis à part le quartier de la ville d'hiver, c'est un front de mer bien propre sans grand charme dans un cadre bétonné dégueulasse. C'est clinquant rutilant pour que les crocos des polos puissent se reconnaître aisément au milieu de petits espaces verts qui donnent la touche écolo. Ici tant que la queue de la baleine qui flotte dans l'eau est repeinte tous les ans, le reste importe peu. A coté Pyla sur mer ressemble à Neuilly sur seine en plus exotique. Le charme des villas Gaume perdure toujours même si les pins se tronçonnent plus facilement et que les habitants tiennent plus farouchement à leur quartier qu'à leur cadre de vie. La Laportanostra tient d'une main de maître le coté bling bling au pied de la dune du Pilat et comme leur voisin, le reste importe peu.

La Teste et Gujan mestras autrefois haut lieu de l'ostréiculture sont devenues des villes dortoirs ou les nouveaux quartiers et nouvelles résidences poussent aussi vite que les champignons, desservies par une voie express toute fraîche pour relier rapidement Bordeaux. Les promoteurs s'éclatent comme des fous et la propagande coule à flot. Mis à part les près salés encore à peu prés authentiques et les petits ports de moins en moins authentiques ou comme tout autour du bassin, les ostréiculteurs deviennent des restaurateurs à cabane de dégustation donnant presque de l'authenticité à l'arnaque. Il faut chercher mais certains jouent quand même le jeu correctement. Jusqu'à quand ?!

Le parc ornithologique du Teich qui est la touche green washing reste heureusement bien protégé et le delta de la leyre qui draine les pesticides des maïs landais jusqu'au bassin offre toujours des ballades sympas. Facture Biganos est une énigme. Ses petits ports judicieusement réhabilités qui sont très agréables à visiter ont l'inconvénient de se situer proche de l'usine Smurfitt qui suivant le sens du vent embaumera l'air d'un parfum assez désagréable. Cette papeterie qui pendant des décennies a déversé des tonnes de déchets dans la nature tout autour, qui aujourd'hui essaye de montrer patte blanche mais qui refile quand même un peu de sa merde dans nos canalisations d'eaux usés jusqu'à l'océan se veut exemplaire auprès de l'opinion publique. La papeterie est l'industrie qui pollue le plus mais heureusement les autorités compétentes déclarent que la qualité de l'air et de l'eau sont bonnes voir excellentes. Le reste est une immense zone industrielle à enseignes mercantiles que le maire essaye d'étendre comme on tire sur un vieux chewing gum.

Audenge continue de se développer en faisant le deuil de sa décharge de déchets toxiques fraîchement et à minima réhabilitée en espérant que les fleurs repoussent puis une prochaine zone forestière qui accueillera les digestats des usines de méthanisation des alentours fera le bonheur des maires qui n'en veulent pas sur leur commune. Heureusement le domaine de Certes est le joyau qui cache l'amertume. Une bouffée de nature ou il est bon de flâner. Lanton et ses petits villages résiste farouchement aux visions funestes de leur édile et Taussat reste mon village préféré ou j'adore m'égarer.

Andernos ma ville se gentrifie comme un peu partout mais plus qu'ailleurs. Les nouveaux arrivants prennent leurs habitudes et l'urbanisation dites « des dents creuses » fait de terribles ravages. L'immobilier flambe emmenant irrémédiablement une clientèle de plus en plus bourgeois bohème. L'empreinte du nouveau maire se met doucement en place mais peu à peu c'est moi qui ne trouve plus ma place ou alors, je deviens un vieux con comme dit parfois ma femme. Arès jalouse toujours sa voisine sans pour autant freiner l'urbanisation mais ses près salés sont une des plus belles pépites de ce territoire. Les villages ostréicoles de la presque île offrent toujours leurs décors carte postale devenant totalement invivables en périodes estivales. Le prix des parcelles à bâtir se font de plus en plus rares et le prix grimpe en flèche jusqu'à atteindre des sommets au Cap ferret qui est devenu « the place to be » des gens fortunés mais qui risque de payer très cher écologiquement ce développement en or massif constitué de clientélisme, passe droit et toute la panoplie qui va avec. L'endroit reste sublime malgré tout.

Les élections municipales approchant à grands pas sur le bassin d'Arcachon, je suis allé voir mon ami Raymond qui grand sage divinateur à temps perdu va m'éclairer sur l'avenir du territoire. Je le retrouve chez lui attablé avec son fidèle compagnon Henry, un poney qu'il avait récupéré et sauvé d'une mort certaine. Il faut préciser que outre l'affection sans bornes que l'animal voue à son maître, outre qu'il tète la boisson autant que lui, il est stupéfiant de voir que parfois il arrive même à être plus lucide dans ses prévisions que Raymond. Vu la tronche de mon ami et l'haleine fétide d'Henry je sais que c'est le bon moment pour la consultation.
«-Salut les amis, je viens vous voir pour entendre votre avis sur les prochaines élections municipales et l'avenir du bassin.»
Raymond éclate de rire puis décapsule une nouvelle canette avec ses dents et Henry frétille du popotin aspirant d'un coup sur la paille pour descendre son verre tout en tapotant ses sabots sur le parquet pour qu'on le reserve aussitôt. Raymond ferme les yeux en prenant une longue inspiration. Il reste quelques minutes dans ses pensées, ronchonnant parfois puis souriant aussi mais quelque chose semble le déranger. Henry enfile sa bière d'un trait en fixant mon regard. Son ventre gargouille bruyamment sortant Raymond de sa léthargie. Sa queue en panache se dresse fièrement et un pet aussi monstrueux que nauséabond s'échappe de la bestiole. Raymond enchaîne :
«- Voilà la réponse à ta question mon ami...»
Sacré Raymond!!

 

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