Y A DU LOURD...
La labanisation de l’huître
Oh que c'est beau !! MA..GNI..FIQUE !! Quel portrait mes amis!!
Notre Sab (Sabine Menet journaliste à Sud Ouest) n'a pas lésiné sur les tubes de pommade en le tartinant jusqu'au bas des reins. Un papier plein de lyrisme de histoire d'un homme qui rencontre sa raison d’être. Ce serait presque le pitch d'un biotype pour le cinéma. En résumé, le petit béarnais qui voyait de son berceau les cimes enneigées des Pyrénées se retrouvent sur les bords du bassin d'Arcachon. Très vite il devient addict aux Thalassa que Georges Pernoud lui fournissait tous les vendredi soir. Une huître naissait dans son cerveau.Il acheta l'entreprise de son patron et s'engagea corps et âme pour défendre le dur métier d'ostréiculteur en espérant que sa descendance reprendra le flambeau.
Mais les seigneurs de l'oligarchie arcachonnaise remarquèrent très vite les capacités du bonhomme et décidèrent de l'introniser parmi eux pour leurs servir la soupe et d'alibi à leurs funestes projets. Il a une bonne tête de baroudeur avec sa barbe de trois jours, l’œil est vif , sa parole est efficace face au public et il sait utiliser les journalistes. Quand on le voit, on a envie de sortir les olives et le Ricard pour taper un bout de gras avec lui.
Cependant, sa vision du métier s'est bien dégradée lors des premières crises ostréicoles en 2006. Le fumeux test de la souris enclencha l'ire (à juste titre) dans le métier et le silence feutrés des élus car un dégraissage s'opérait dans la profession qui pouvait profiter à la plaisance et au tourisme. Il aura fallu que les associations citoyennes et environnementales ainsi que des sentinelles telles que le photographe Stéphane Scotto ( Qui paya très cher de sa personne son affrontement avec l'oligarchie) montent au créneau pour faire annuler ce stupide test et l'opportunisme d'Olivier Laban en profitait pour tirer la couverture à son égard.
Le ver venait de rentrer dans le fruit (urbanisation galopante, pollution constante,mortalité du naissain) mais au lieu de le combattre à la dur, on préféra chercher des solutions pour vivre avec lui en continuant de faire tourner la machine à cash (économie locale) à plein régime. (Huîtres triploïdes, huîtres d'Irlande, d'Afrique du sud, du Japon ) Hélas le ver a grossit plus vite que prévu.
Lors de l'accident industriel de l' usine Smurfitt de Biganos qui déversa des milliers de litres de soude caustique jusqu'à l'embouchure du bassin d'Arcachon, Olivier Laban choisissait de rester cacher derrière son bar à huîtres pendant que les manifestants qui criaient leur colère passaient devant sa devanture. Le ver venait de manger le fruit.
Aujourd'hui il est urgent de protéger les irréductibles ostréiculteurs qui s'obstinent à produire une huîtres 100% naturelle (naissance, élevage,production) et de leurs réserver l'étiquette Huîtres du Bassin d'Arcachon. Les autres ne sont que des vendeurs d’huîtres. Ils sont incapables de vous dire la provenance de leur produit. Ils peuvent même acheter des huîtres de Fukushima, de les tremper une semaine dans les parcs et de vous les vendre 10 euros la douzaine estampillées « La Perle d'Arguin » Elle seront bien charnues, non laiteuses et le consommateur sera ravi. C'est la vision que préconise et sollicite Olivier Laban pour faire vivre son entreprise et ceux qui le suivent. Autre époque, autres mœurs. Certes, mais il faudrait que les choses soient bien claires au lieu de nous faire croire à l'envie de sauver l'esprit du bassin et il le dit lui même : « Nos métiers évoluent. Nous devons préparer l’avenir sans perdre notre âme » C'est la labanisation de l’huître .
Pour nous aider à accepter cette évolution, il se voyait bien au poste suprême de président du futur parc marin. Il pensait que les seigneurs allaient le récompenser pour tant de services rendus. Hélas pour lui, la gifle fut terrible. Les seigneurs préféraient installer un élu pour éviter le moindre grain de sable dans la machine et pour ne pas froisser les investisseurs. C'est donc vexé, qu' Olivier Laban se tourne vers un poste européen( AEPM). Fort de ses convictions pour imposer ses projets, il suggère à ses collègues européens, de chercher à trouver un moyen naturel ou chimique pour détoxiquer les plans d'eau infectés par l'herpès virus. Ainsi, les interdictions de vente n'existeront plus et la « Perle d'Arguin » pourra se vendre toute l'année.
A l'embarcadère de San Francisco, il y a un bar à huîtres ou l'on fait la queue pour avoir une table. Un écailler les ouvre devant vous en les posant sur un lit de glace. Il peut même vous expliquer la manière pour les ouvrir. Les 6 à 15 dollars et 30 la douzaine portant un nom charmant. C'est de la belle triploïde bien charnue. Le patron ostréiculteur est devenu riche à millions. Il ne va plus au parc mais achète des parcelles sur la côte Est pour lancer sa « Diamond Atlantic »
Ce billet n'est en aucun cas un jugement. Si aujourd'hui on préfère déguster des huîtres comme à San Francisco, je préfère aller voir mon ami qui continue malgré tout à travailler à l'ancienne pour y savourer ses huîtres bien grasses et bien laiteuses(les fameux mois sans R). Nous sommes libre de choisir. Cependant, je défendrais toujours mon ami qui persiste à vouloir faire du 100% naturel.
C'est un festival
Ray alias Raymond Cracoy rentre chez lui plutôt que prévu. Il devait partir cette nuit à la pêche avec Dédé mais après une journée a ramasser quelques palourdes, la terre trop basse lui avait mascagné le bas du dos. Il rêve de se poser dans son canapé en grignotant une saloperie tout en regardant un vieux louis de Funés histoire de laisser libre ses neurones. Stupeur, en arrivant à sa demeure il découvre que son salon est rempli d'une horde de 15 branleurs qui enchaînent les joints et qui boivent toutes ses bières sur une musique électro poussée à bloc. Sa fille Camille coupe net le son pour venir le voir. Elle a les yeux plein phare et une banane lui fend le visage :
« - Je croyais que tu devais passer la nuit sur l'eau ?
-Je t'ai déjà dit que je ne voulais pas de tes fiestas chez moi. Vous ne pouvez pas aller ailleurs. Il y a le festival de jazz ce soir. (éclat de rire général)
-C'est pour les vieux pa, lui répond Camille, tu sais bien qu'à Papyland il n'y a rien pour nous.
-J'en sais rien moi mais en tous cas allez faire vos affaires sur la plage et dégagez de mon salon.
-Justement, on y était mais ton voisin René qui promenait son horreur de caniche nous a viré en nous disant qu'il allait appeler les flics. Alors on est venu ici. D'ailleurs il m'a dit qu'il voulait te causer. »
Il est vrai que dans cette station balnéaire il est difficile d'exprimer la jeunesse de ses vingt ans alors pour éviter des bêtises de sa filles et de ses acolytes Raymond préfère aller voir la fin du concert sur la dune du Bétey. Dans le jardin, la tête de René dépasse de la palissade et il n'a pas l'air content :
- Dis donc Ray, tu diras aux amis de ta fille qu'ils arrêtent d'uriner contre la palissade car j'ai mes tomates derrière et les pieds sont tous grillés. De plus, je te dirais même qu'ils fument de la drogue et que leur musique empêche Georgette de dormir.
Raymond regarde fixement la tête de son voisin et Camille a raison, c'est un vrai con.
-Écoute René, tes tomates tu n'as qu'à les mettre ailleurs. Est ce que je t'ai déjà dit que tu m'emmerdes quand tu passes la tondeuse à l'heure de l'apéro, ou la perceuse le dimanche matin ? Est ce que je t'ai déjà dit que je ne supporte plus l'accordéon de Georgette à 9 heures du matin ? Si encore elle savait jouer.. et ton stupide chien qui jappe au moindre moineau. Alors si tu n'es pas content va voir les flics et cesse de m'adresser la parole. Puis fais gaffe à tes haricots vert car dans une heure un des drôles va venir les baptiser. »
Une fois arrivé à la dune du Bétey, le concert est déjà fini. On s'active à débarrasser la scène mais un son étrange son attire son attention. Au pied d'un pin, une petite bonne femme en position lotus, le pouce et l'index joint pousse des gémissement de bonheur. Derrière ses lunettes fumées elle semble être dans une autre dimension. Raymond tente alors de la faire revenir sur terre :
« - Madame, madame il ne faut pas rester là.
-Monsieur, vous venez d'interrompre mon troisième orgasme répond la dame. J'étais en osmose avec les dernières notes de « I am fool to want you » de Billie Holiday.
-Vous étiez avec le fils à Johnny ?!
-Mais non mécréant, la chanteuse de jazz délicieusement interprétée ce soir par Dominique Magloire.
-Quoi, Magloire était ici, à Andernos et il chantait ?
-Elle chantait abruti, Dominique est une superbe créature.
-Oui cela dépend des jours. Et il y avait aussi son pote Vincent Mc Doom ?
-Je ne connais pas ce musicien. Sachez monsieur que vous avez devant vous Marie France Comte l'adjointe au maire chargée de la culture de cette ville. J'ai la mission d'apporter la connaissance intellectuelle aux pauvres âmes égarées par l'ancienne municipalité. Je veux apporter la lumière dans les yeux de nos aïeuls. Donner un sens et montrer une route à nos jeunes afin d'éviter la tentation du vice qui pourrait amener la luxure et le désordre dans notre charmante cité. J'étudie toutes propositions. Auriez vous une suggestion qui pourrait réveiller cette belle endormie et enthousiasmer nos jeunes pousses ?
Raymond écarquillent ses grands yeux bleus et un sourire apparaît au coin de sa lèvre.
-Je ne connais qu'un seul dieu qui pourrait mettre le feu à cette ville. Le dieu Lemmy Kilmister.
-Cette divinité m'est étrangère mais je m'engage de ce pas à la faire venir pour le prochain festival.
-Je ne crois pas que cela va être possible madame.
-Balivernes mon bon monsieur. J'ai réussi à faire venir ce bon Christian Morin et sa clarinette a régalé son auditoire.
-Peut être mais quand Lemmy branchera sa basse sur les amplis Marshall, 70 % de la population sera euthanasié, 20% enrichiront les prothèses Audika et les 10 % des jeunes n'écouteront plus les recommandations de leurs parents. Non, ce n'est pas une si bonne idée. Cependant, vous pouvez peut être m'aider. (Il griffonne sur un bout de papier) Voici l'adresse de mon voisin. Ce serait bien d' envoyer la police pour lui demander de cesser d'importuner son voisinage avec son comportement agressif.
-Ce sera chose faite monsieur. Rien ne me résiste.
-Appelez moi Ray...
Ps : Avec plus de sérieux, la Bernache donne des encouragements à la municipalité pour le 44 ième Andernos Jazz Festival. Il fallait casser la routine d'un festival de jazz qui devenait au fil du temps un fourre tout s'épuisant dans le médiocre. Un nouveau souffle a été donné emmenant une fraîcheur prometteuse malgré quelques imperfections. Le site de la dune du Bétey est une belle trouvaille qui mérite d'être améliorer. Il va falloir aussi élargir les horizons pour ne pas oublier la jeunesse qui ne se retrouve pas dans cette musique et qui cherche une place pour faire exploser la vigueur de l'insouciance dans la moiteur d'une station balnéaire.