Je vais essayer de ne pas sombrer dans le pathos mais cette image qui a fait le tour de la planète m'a fracassé le cœur. L'espace d'une minute je suis rentré dans la peau de Laith Majid et j'ai eu honte. Honte de ne pas pouvoir lui tendre la main, honte de ne pas pouvoir lui ouvrir ma maison. Mais ou va t'on ? Que sommes nous devenus ? Sommes nous tous de simples cobayes à subir l' indifférence de cette situation dramatique et ignoble ? Je refuse de rester insensible à ces gens qui fuient leur terre natale à cause de guerres provoquées par nos propres dirigeants et indirectement par nous. Comment peut on se regarder dans la glace en les traitant de migrants ou d'envahisseurs. Migrant est un mot abject et inapproprié. Tous ces gens qui fuient la barbarie, le racket, les viols et les meurtres dans l'espoir de donner une vie meilleure à leurs enfants sont des réfugiés et nous devons être dans l'obligation de leurs porter secours. Encore une fois la banalisation de l'information a pour but de faire accepter l'inacceptable. Faire le buzz puis passer à autre chose. 71 réfugiés dont 4 enfants morts étouffés dans la caisse d'une camionnette en Autriche et Vincent Lagaf lance un nouveau jeu sur TF1. On peut même attribué n'importe quelle légende à cette photo.

« Le chat de Nabila est mort. Il a succombé à une crise cardiaque »

« Le député Yves Foulon offre des vélos à ses administrés »

« Google gagne 65 millions de dollars en une Journée »

« Patrick Balkany et Nicolas Sarkozy sont blanc comme neige »

« Laith Majid et sa famille arrivent en Grèce après avoir payé 6500 euros au passeur turc »

« François Hollande s'attaque à la finance »

«  GeorgesW Bush va à l'église tous les dimanche»

L'écrivain Philip K Dick dans son roman de science fiction «  Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques » (qui inspira le film culte Blade Runner de Ridley Scott) cherche à comprendre le comportement humain dans un monde sans cesse en guerre ou l'égoïsme règne en maître. On y voit des hommes devenir de simple machine alors que l'androïde veut acquérir l'émotion humaine. Dans le film, les androïdes se nomment Réplicants et les hommes qui les chassent sont les Blade runner. Aujourd'hui les Réplicants sont les Migrants et nous sommes en train de devenir de vulgaires Blade runner.

En cette fin d'été ou l’atmosphère touristique s'étouffe peu à peu ou l'odeur des cahiers refait surface je profite de ces dernières fortes chaleurs pour aller tremper ma bedaine dans le bassin d'Arcachon. Je m'éloigne un peu du bord, j'observe ce qui m'entoure puis je fais la planche comme un bout de pain dans la soupe. Je suis bien. J'ai l'impression d'être dans le ventre de ma mère. Je capte tous les sons et la sérénité chasse mon stress. La moiteur du temps orageux supprime le vent et les vagues rendant mon bain un peu plus qu'agréable. Soudain le bruit intempestif d'un semi rigide vient briser net mon bien être. Le bateau vient de rentrer dans la zone de baignade pour venir chercher une jolie dame qui patiente sur la plage. Le mari grillé comme une saucisse lui sourit bêtement sans se soucier des autres baigneurs. Les enfants à l'arrière sans gilets de sauvetage chahutent sauvagement sous le regard médusé des clients de parasol. Ainsi s'achève ma baignade.

Si les intellectuels restent bien silencieux sur le temps qui passe heureusement que quelques artistes mouillent leur chemise permettant grâce à leur talent de montrer les travers de notre société. Ainsi Banksy, artiste que je vous ai présenté plusieurs fois et que j'adore avec l'aide d' autres artistes contemporains vient de créer en Angleterre un parc d'attraction lugubre et éphémère qui décrit tous les maux de notre planète. Dismaland.

http://www.telerama.fr/scenes/un-jour-a-dismaland-le-parc-d-attraction-delirant-de-banksy,130669.php

Petit aperçu :