Ce putain de mois de mai aura été une épreuve car j'ai redécouvert que l'existence de la vie ne tient que sur un fil et que j'ai failli rejoindre la regrettée Françoise Branger dans son paradis. Mon cardiologue m'obligea de me reposer et de ne rien faire, chose à laquelle je suis champion du monde. Dans cette convalescence imposée, j'ai observé le temps qui passe dans mon jardin en m’extasiant sur la prolifération des coquelicots et les insectes qui butinaient tout autour, sur la tourterelle qui s'aventurait à chercher des brindilles pour son nid sous le regard las de mon chat vautré à l'ombre sous le transat. C'est en toute dilettante que je jetais un œil sur les infos locales et le reste en général, sans vraiment avoir envie de débattre ou de partir en délire sur les frasques de l'oligarchie arcachonnaise. Pourtant les longs ponts du mois de mai ont apporté leurs flots de matières pour pouvoir écrire des billets mais ce déluge de non sens, d'incivilités provoqués par le surtourisme dégueulasse ne m'émeut plus trop, comme si j'étais résigné. Même la dame qui déféquait entre deux voitures devant mon portail tout en me souriant, j'avais presque envie de lui tendre du papier toilette. Depuis quelques années, ma petite rue tranquille qui mène à la plage est devenue le refuge aux envies pressantes. Je comprends bien que quand le bide ramone les tripes jusqu'aux sueurs froides, l'urgence de se soulager devient une priorité pour le cerveau. Heureusement nous avons tous un sphincter nous permettant de trouver la meilleure solution et le meilleur endroit pour remédier à ce problème et il vaut mieux rester à la maison en cas de gastro. Il semblerait même que pour quelques personnes, cette incivilité soit devenue une normalité donnant le pouvoir d'aller déféquer derrière la tente du bédouin en plein désert. C'est en lisant un article du bilan des infractions sur le banc d'Arguin que cette réflexion m'est apparue car des porcs humains s'autorisent de tels actes derrière la cabane des gardes de la réserve naturelle. L'éternel sujet du banc d'Arguin revient chaque année dans actualité comme un marronnier et on s'offusque pour les infractions commises tout en continuant à vouloir faire de la prévention. «Sur les 3445 infractions observées, seulement 1,5% a fait l'objet d'une procédure», les scooters de mer s'excusent, les propriétaires de chiens ne savaient pas, tout comme les pilotes de drones et les plaisanciers qui bravent les interdits au nom de leur liberté. L'UBA se goinfrent d'oseille avec leurs navettes à touristes et les bateliers clandestins qui emmènent 25 personnes pour une célébration de mariage en ont rien à foutre car le cash qui paye cette prestation est beaucoup plus rentable qu'une sortie sur leurs parcs à huîtres. Résultat: Une recette de 15640 euros pour 230 amendes à 68 euros en moyenne. C'est cadeau et lamentable pour un site naturel de cette qualité. Osons aller dans le dur. Avec des amendes à 135 euros payable sur le champs ou saisie du matériel jusqu'au règlement et amende de 1500 euros pour les professionnels locaux en infraction, la recette serait de 500 000 euros environ. Pas mal non ?! Il est URGENT d'imposer une sanctuarisation raisonnée pour le banc d'Arguin. Bon je me calme car mon palpitant s'affole et je préfère regarder les fleurs de mes lauriers roses. De toute manière il n'y a plus rien à tirer des seigneurs et barons de la Factory Bassin d'Arcachon tant ils sont aveuglés par la cupidité et le pouvoir. Ils sont affligeants de bêtises et même ignorants pour certains mais ils règnent en maître sur ce territoire.https://www.sudouest.fr/gironde/la-teste-de-buch/environnement-et-tourisme-quelle-est-la-realite-des-infractions-et-des-amendes-sur-le-banc-d-arguin-15376351.php

Alors pour me détendre j'ai envisagé d'aller tremper ma carcasse à la plage car la marée était à son tournant. Au nord du bassin d'Arcachon, il faut faire l'impasse sur les eaux turquoises et translucides, c'était il y a longtemps, mais plutôt essayer de préparer sa conscience à nager dans une eau de baignade ocre aux faux airs de Garonne. Pas d'inquiétudes, le SIBA (syndicat intercommunal du bassin d'Arcachon) nous signale que la qualité des eaux est sanitairement (quasi) irréprochable et que la précision de leurs propres analyses permettent de ne pas fermer les plages en cas d'alerte Echerichia Coli. Unique en France. C'est sur avec tous les palaces et résidences 5 étoiles qui pullulent sur le sud bassin, cela ferait désordre. Baignade à Pereire, gastro au Moulleau.Je ferme les yeux en imaginant la tête de «Son Altesse Sérénissime crème antirides» alias Yves Foulon le maire d'Arcachon. Obliger d'offrir un spectacle de drones pour faire oublier ces petits tracas... Ce petit délire me fait du bien dans cette chaleur presque excessive pour un mois de Juin mais je n'ai pas envie de trop m'éparpiller. Je vais rester soft et les rayures blanches des avions de ligne qui occupent le bleu de l'azur évoquent les souvenirs de mon dernier voyage. Comme j'ai grillé mon bilan carbone et que je n'ai planté aucun arbre pour le compenser, que je n'ai plus de pognon car mes gosses sont en âge de pomper mes économies afin de construire leur avenir, je préfère lire tranquillement la «Dépêche du bassin» sur ma terrasse ombragée. Il n'y a pas longtemps, j'avais écrit un billet sur Fabienne Amozigh gay pour son article d'un portrait de Nathalie Foulon où le copinage et la propagande dégoulinaient d'empathie, qu'il me semblait déontologiquement limite et je lui conseillais de rester dans ses domaines de prédilection que sont l'art et la culture. Chose faite, dans le dernier numéro de La dépêche du bassin du 8 juin ou elle dresse le portrait de l'artiste Popette. Son article est bon. Maintenant je voudrais revenir sur l'artiste en question en donnant mon point de vue. Si je ne suis ni un expert, ni un historien de l'art je possède néanmoins un sérieux bagage en la matière acquis au fil du temps. Mon avis vaut ce qu'il vaut mais en ce jour où je me sens bien, je tiens à vous le livrer. J'avais déjà repéré cette artiste depuis un petit moment et je trouvais l'esthétique de son travail intéressant. Popette a du talent, c'est indéniable.

Elle a su remettre au goût du jour les affiches promotionnelles type "Marcel" des années 30 à 60 dans un style assez minimaliste fait avec des couleurs douces tirant sur les pastels et en incluant des jeunes filles ou femmes bon chic-bon genre parfois sexys aux allures mélancoliques qui attirent directement le regard. Bingo ses illustrations se vendent comme des petits pains. Cependant Popette a choisi un marketing de vente qui me dérange légèrement et que je trouve même un chouia prétentieux. A toute proportion gardée elle a construit son plan marketing comme celui de Jeff Koons en profitant d'un effet mode pour vendre ses œuvres à une clientèle ciblée (Arcachon,Cap Ferret, Pyla, et lieux emblématiques du bassin d'Arcachon) n'hésitant pas à vendre son talent au SIBA pour sublimer une station d'épuration, le wharf un tuyau d'égout qui se déverse dans la mer, la dragueuse qui pompe le sable pour renflouer les plages touristiques, des sujets en totale contradiction avec son discours mais qui mettent surement du beurre dans les épinards. En conclusion Popette est une talentueuse illustratrice qui va devoir absolument sortir de sa zone de confort afin de ne pas banaliser ses œuvres qui pourraient à la longue se retrouver à prix bas dans les enseignes de décoration.

A choisir, je trouve que le graphisme et l'esthétique de l'affiche du Firefighter village de Claouey cet été sont vraiment réussis. Cette affiche pourrait même être récupérée par la Gay Firefighters de San Francisco car le pompier moustachu et le petit jet qui sort de la lance d'incendie sont des symboles très appréciés par la communauté gay américaine.

Il y a dix ans je vous avais invité chaudement à aller voir l'exposition des œuvres de Ron Mueck à la fondation Cartier à Paris et l'australien revient cette année jusqu'au 5 novembre pour présenter ses dernières créations. Ce plasticien sculpteur réalise des œuvres hyperréalistes sur ou sous dimensionnées de personnes humaines dans une tranche de vie. Je vous invite à surfer sur internet pour découvrir cet artiste. J'étais ressorti de l'exposition complètement troublé, bouleversé, fasciné et particulièrement par cette création isolée dans une belle salle.

En entrant c'est la surprise qui frappe et qui amène presque un sourire. Mais qu'est-ce que fout ce mec à poil dans cette grande barque assez délabrée ? On tourne autour de l’œuvre en observant chaque détail et en se demandant ce que l'auteur cherche à nous faire comprendre. Chacun de nous va alors imaginer sa propre interprétation. Cet homme me semblait être à un tournant de sa vie. Pencher à l'avant de la barque, il laisse croire que c'est la vie qui avait dessiné sa trajectoire car il n'y a pas de rames dans la barque pour le guider et il semble chercher un espoir ou une main tendue qui pourrait le remettre à flot. Il est nu car ses idéaux se sont enfuis mais il n'est pas maigre plutôt en bonne santé, quelque peu désabusé mais pas désespéré par son sort, cela pourrait être une définition du fatalisme. C'est en prenant du recul que je fus étrangement projeté dans ma propre existence. J'étais seul à l'avant de la barque de mon grand père au milieu du bassin d'Arcachon car c'était ma place, en ayant exactement la même posture et le même regard que ce type. En 2013 je m'interrogeais sur la manière de faire prendre conscience aux gens sur l'urgence à agir pour la sauvegarde de ce territoire. J'étais habillé car mes convictions étaient fortes et les deux rames présentes dans la barque me permettaient de choisir les chemins de ma destiné pour garder l'entière liberté de mes choix. Sans le savoir nous étions sûrement tous les deux des naufragés du temps qui passe.

Aujourd'hui dix ans plus tard, je serais debout au milieu de la barque qui prend l'eau pour ne pas sombrer, en tee shirt caleçon, les bras serrés, le regard noir et froid qui fixerait l'horizon comme pour dire à tous les membres de la Factory du Bassin d'Arcachon, les gourmandasses, les promoteurs et tous ceux qui gravitent autour en mangeant dans leurs mains:

«-Allez vous faire foutre.»

Si vous voulez vivre une belle expérience émotionnelle, courez voir cette exposition et laissez vous happer. Vous n'en sortirez pas indemne.

C'est bizarre, il y a quelques mois en faisant du rangement dans mon bordel, j'avais retrouvé cette place de concert. Concert qui à mon avis ne fut pas mémorable. Ce fut un show millimétré à l'américaine avec des musiciens et choristes au top mais dans une salle ou la sonorité était vraiment dégueulasse.(patinoire) Heureusement, la dame n'avait pas ménagé ses efforts pour assurer le show et mériter amplement son titre de Reine du Rock and Roll. Bon vent Madame Tina turner.

Je l'avais découvert depuis peu et aujourd'hui je le regrette. Ce gars ne payait pas de mine. Tout pourri, tout déformé cette étoile filante a fait plus de choses pour mettre en lumière les problèmes du handicap que 40 années de politique stérile. Avec une auto dérision déconcertante, un humour noir corrosif et de la poésie disséminée ce petit bonhomme avait gagné sa place d'humoriste et aujourd'hui il finit dans la cour des grands. Bon vent Monsieur Guillaume Bats

Aujourd'hui le soleil cogne dur mais avant d'aller faire la sieste dans mon hamac, je vais me bichonner les oreilles avec la voix d'une grande artiste qui vient aussi de nous quitter. Astrud Gilberto était la Reine de la Bossa Nova. Je lance «the girl from ipanema» sur l'ampli et monte le son. Mon chat se réveille , s'étire et vient se frotter sur mes jambes. Je le caresse, fais deux ou trois pas de danse... je me sens bien.

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