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LE CRI DE LA BERNACHE
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LE CRI DE LA BERNACHE
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1 mars 2024

LA PLUIE SUR LE MAÏS

 

Dans ma jeunesse, il y avait un événement ou ma présence se devait d'être obligatoire à ses yeux. Péponne le père de mon meilleur ami était le fils d'un Rital venu s'installer dans la campagne marmandaise pour fuir le fascisme et pratiquer l'agriculture. Au fil du temps j'étais devenu presque son deuxième fils et une complicité mystique harmonisait chacune de nos rencontres. Péponne avait le don d'aimer les cochons qu'il bichonnait jusqu'à l'instant fatidique de leur dernier souffle pour aller fournir quelques très bonnes tables parisiennes. Je ne dirais pas que la bête allait à l'échafaud en remuant la queue mais la mort l'accueillait avec dignité. Tous les voisins des alentours, les amis étaient de la partie pour ce rituel avec une tâche bien établie pour chacun permettant aux grands mères et grands pères de donner généreusement leur contribution. Une organisation sans faille, bien huilée le tout dans la bonne humeur ou les blagues et les ragots du coin fusaient de tous les côtés jusqu'à ce que la bête fut débitée entièrement pour enfin pouvoir dresser l'immense table dans la grange et faire ripaille tous ensemble, jusqu'au bout la nuit pour ceux qui avaient résisté aux breuvages et à la petite poire à 80 degrés qui pouvait propulser sur Mars n'importe qu'elle âme. Alors pour ceux là, le privilège était de fumer un gros Cohiba à deux sous devant la cheminée dans un état plus que second, proche de la quatrième dimension en écoutant les délires et les histoires fabulatrices mais fantastiques d'un Péponne au sommet de sa forme. Quels moments incroyables et inoubliables ! Sauf que le lendemain le bonhomme frais comme un gardon nous souquait du lit pour nous inviter à rallumer la chaudière autour de belles entrecôtes sur le grill et l'accompagnement liquide qui va avec pour être fin prêt à aller au stade de rugby supporter l'équipe locale. Sur un champ de patates ou quelques touffes d'herbe essayaient de pointer le bout du nez, une tribune de bric et de broc en bois pouvait accueillir une cinquantaine de personnes, un petit préfabriqué servait de vestiaire aux équipes mais l'arbitre se changeait dans sa voiture et un barnum tenu par un "boit-sans-soif" faisait office de buvette. Les gaillards qui entraient sur le terrain n'étaient pas de toute première fraîcheur mais la camaraderie faisait le reste. Entre quelques petites parties de castagnes, les locaux avaient pris un léger ascendant sur les visiteurs, à la plus grande joie de Péponne mais au début de la seconde période le sens du jeu était en train de s'inverser et l'équipe locale semblait tirer la langue dangereusement. C'est alors que pour la première fois de ma vie j'entendis cette expression :

 

«- Putain...le cochon est dans le maïs.»

 

Les visiteurs revenait dans le match et l'écart de points fondait comme neige au soleil. Quand tout d'un coup, un gros sanglier sortit du champ de Maïs pour semer la pagaille sur le terrain devant la tribune hilare avant de replonger dans le champ d'en face. Les locaux reprirent alors du poil de la bête pour arracher la victoire pour le plus grand bonheur de leurs supporters. Péponne était aux anges.

 

Sur le bassin d'Arcachon on pourrait dire de lui soit «Le sanglier sort du maïs ou le loup sort du bois» Ces deux expressions collent parfaitement au profil du «Ché Labanos» alias Olivier Laban qui après avoir fait l'autruche face à la crise ostréicole dont il est quand même le président de la profession en Nouvelle Aquitaine revient sous les feux de la rampe pour défendre son unique ambition de légaliser les cabanes de dégustation. Tous les présidents des comités de la conchyliculture et leurs adhérents des principaux sites ostréicoles en France qui ont été touché par l'épisode du Norovirus ont déposé plainte contre les gestionnaires des réseaux des eaux usés et pluviales, sauf lui, qui préfère détourner les problèmes en essayant de trouver un consensus légal capable de continuer à remplir les caisses de ses boutiques. A ce niveau, cette attitude devenue une habitude viscérale frise l'incompétence et il serait légitime que les professionnels sensés être défendu par sa personne demandent sa démission illico. On sait bien que l'omerta des ostréiculteurs arcachonnais est une habitude ancestrale mais on peut remarquer que si les bouches restent toujours closes, les visages se figent et les poings se crispent. Dans un article de la dépêche du bassin le bonhomme conteste une nouvelle fois l'arrêté de 2020 obligeant un délai de six semaines de trempage sur le territoire avant sa commercialisation sur les tables de dégustation.

«-Supprimer cette contrainte ne vient pas contrarier l'esprit de cette arrêté dès lors que la traçabilité est respectée et que l'affichage mentionnant la provenance des huîtres est transparent pour le consommateur.»

 

Le "Ché Labanos" est incroyable ? Il se sert encore une fois de sa mauvaise foi pour essayer de légitimer son argumentaire. En effet, la contrainte c'est l'essence même de l'arrêté. Vouloir le supprimer c'est vouloir demander son retrait. En ce qui concerne la traçabilité des huîtres en gage de transparence pour le consommateur, a-t-on déjà vu sur les cartes des dégustations: huître d'origine irlandaise, élevée en Bretagne, engraissée au Médoc et affinée au Banc d'Arguin ou huitre triploïde ? La réponse fuse aussitôt :

 

«-Qu'importe le parcours technique de l'huître, dès lors que ce sont des coquillages issus d'une production française. Nous pourrions imaginer que cette règle des 6 semaines soit la condition nécessaire pour afficher un produit issu du bassin d'Arcachon mais ne sois pas un verrou pour proposer des huîtres à la dégustation.»

 

Énorme! Une hypocrisie sans limite.

 

«-Nous avons besoin d'imaginer tous les dispositifs permettant à notre filière sinistrée de se relever

 

Ah voilà.. le pognon revient dans ses neurones. À aucun moment il ne remet en cause la qualité sanitaire des eaux du bassin d'Arcachon pour un coquillage qui peut filtrer environ 150 litres d'eau de mer par jour.

 

«-Lorsque les professionnels travaillent à flux tendu, soit en rapatriant des huîtres issues de leurs parcs sur d'autres zones de production, soit en achetant les coquillages en gros, ils sont donc contraints de plonger leur marchandises pendant 6 semaines dans le bassin or la saison des dégustations coïncide avec les mois les plus chauds de l'année une période où les huîtres sont les plus sensibles à ce retrempage d'où des mortalités massives

 

C'est vrai l'été il fait chaud et les eaux devraient être encore plus chaudes dans les années à venir. Un argumentaire plein de non sens maintes fois entendu qui devient le reflet de l'incompétence.

 

Une trentaine d'années plus tard alors que la vie nous avait tracé des routes différentes mais comme j'étais dans le secteur pour le boulot je décidais de faire un détour pour une petite visite impromptue. Péponne était au milieu de la cour en caleçon, le visage hagard qui cherchait à savoir qu'elle était la personne qui venait le déranger. Ses yeux étaient vides fixant mon regard et mon sourire mais son manque de réaction me mit mal à l'aise. Mathilde sa femme sortit précipitamment de la cuisine pour venir se jeter dans mes bras en pleurant pour me signifier qu'il avait la maladie d'Alzheimer puis m'invita à boire un café. Ce fût des moments surréalistes ou les mots me manquaient mais je m'obligeais à faire la conversation sur le temps passé jusqu'à obtenir une réaction émotive de sa part qui le sortit de sa torpeur.

 

«-Nom de dieu Patrick, je suis tellement content que tu sois là...Mathilde sers nous à boire. Tu te rappelles du match de rugby, qu'est-ce que l'on a bien rigolé.»

 

Son visage se figea comme l'extinction des lumières à la fin d'un bal pour redevenir aussi froid que la cire de Grévin. Je repartais totalement bouleversé, fracassé conduisant la voiture en pilote automatique quand un sanglier apparaissant dans les phares fracassa toute la tôle avant jusqu'au radiateur du véhicule. Le cochon était sorti du champs de maïs et Péponne mourut quelques mois plus tard.

 

Pendant que son "Altesse sérénissime crème anti-rides" alias Yves Foulon le maire d'Arcachon vantait sa générosité pour les 1,6 millions d'euros dépensés en cadeau pour ses administrés avec des vélos à l'effigie de son royaume et que les sauveteurs en mer viennent enfin de recevoir un nouveau semi-rigide grâce aux généreux donateurs d'une cagnotte en ligne, un nouvel épisode pluvieux assombrissait encore plus la crédibilité de la «Factory du bassin d'Arcachon» comme la seconde couche de peinture sur un mur dont il faut ouvrir les fenêtres pour chasser l'odeur nauséabonde.

https://actu.fr/nouvelle-aquitaine/arcachon_33009/sur-le-bassin-d-arcachon-les-egouts-degueulent-encore-et-les-inquietudes-debordent_60748601.html

 

Alors pour oublier un peu la couleur de la merde qui tapisse les jardins de quartier et qui remonte dans les éviers de cuisine et les toilettes je vous offre du rose à mettre dans son cœur avec cette reprise de Nick Cave mon chanteur préféré qui arrive à sublimer Édith Piaf.

 

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