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LE CRI DE LA BERNACHE
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LE CRI DE LA BERNACHE
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28 novembre 2018

BASSIN D'ARCACHON: LE GARDIEN DU TEMPLE

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Il suffit de juste dire son nom dans un dîner pour que le débat enflamme la table. Dans ce cas là j'ai toujours pris plaisir de ne pas intervenir pour écouter les argumentations et m'en amuser. En effet j'avais rencontré le bonhomme en 1986 quand je vivais au Cap Ferret et qu' il entamait les travaux pharaoniques d'une construction d'une digue pour y faire son paradis. A l'époque les terrains ne valaient pratiquement rien et ce n'était pas sa richesse qui me fascinait mais le coté folie dingue de ce projet. Son discours sur l'érosion résonnait en moi et je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours su qu'il avait raison. D'autant plus qu'à quelques centaines de mètres de chez lui, un marginal Jean Patrick alias Barbichu entreprenait lui aussi une reconquête sur la mer devant le restaurant « Chez Hortense » pour y construire sa maison. A force d'abnégation, ils trouvèrent enfin la solution pour faire un ancrage permettant la formation d'une digue afin de freiner drastiquement l'érosion pour stabiliser le terrain. C'est à partir de cette réussite que la convoitise a soudainement attiré l'attention de certains, que la controverse est née, que la guerre venait de se déclarer. J'ai quitté le Ferret en 1993 sans jamais avoir vu le résultat final. Je suivais son actualité dans la presse et depuis le début de ce blog, je n'ai cessé de le défendre car toutes les contre vérités, les fausses informations balancées à son sujet me paraissaient infâmes et injustes. Après un premier rendez vous manqué, c'est en cet fin d'automne que nous avons pu nous rencontrer dans sa propriété.

A l'entrée on ressent déjà les bonnes ondes qui se dégagent des hauts bambous japonais bordant l'allée. Pas de doute, c'est  bien la porte du paradis. J'ai l'impression de rentrer dans une autre dimension, de devenir le personnage d'un tableau du Louvre. A cet instant précis, j'ai compris. En déambulant sur les chemins de terre qui mènent à sa demeure, l'harmonie me happe tout entier, me fascine. Je cherche l'imperfection, le détail qui pourrait me ramener  au réel mais ne trouve rien. Les cabanes sont infusées dans une végétation luxuriante composée de pins, palmiers, yucca et « le château pour ses bienfaiteurs » comme il dit, arrive à être presque invisible. La digue monumentale semble faire un bras d'honneur aux assauts des flots qui voudraient dévorer cet éden et si l'orgueil de cette dame peut former un rempart on arrive quand même a ressentir sa fragilité comme une menace, comme si l'éphémère pouvait venir s'imposer à tout moment. En face la dune du Pilat, bien dodue prend ses aises et les lumières du soleil hivernal qui renforcent les contrastes exhibent ses jolies formes telle une des trois grâces de Rubens. Au bout de la digue, le bouillonnement des passes est aussi intense que les rues de Pampelune à la San Firmin. En deux mots, c'est sublime et je suis sincère.

Sa grande cabane semble sortir tout droit du 19 ème siècle comme si le premier gascon arrivé sur cette terre venait de lui remettre les clefs. Des fleurs poussent sur les tuiles et le patin du bois est intact. Il m'accueille sur le pas de la porte et sa poignée de mains désinhibe totalement ma timidité. Nous sommes sur la même longueur d'ondes. Il faut préciser que le bonhomme en jette. Un charisme hors norme que même en short et chemise débraillée il serait classieux. De petits yeux d’où sortent une lumière dans laquelle la foudre peut se cacher et sa barbe blanche soignée et ses cheveux grisonnant bien plaqués m'obligent à bannir le terme de vieil homme pour le remplacer par un homme vieillissant. Il vient de se faire opérer de la hanche mais préfère marcher quand même sans canne pour aller vérifier sa digue et les camions des locaux qui viennent décharger des gravats pour l'entretien. Ses ordres sont précis mais le respect domine. A l'intérieur de sa cabane,pas de fioritures, juste l'essentiel sauf que le géant suédois n'a pas sa place car l'authentique et le local habillent le lieu tout naturellement. Les rideaux des larges fenêtres n'existent pas pour ne pas faire affront au panorama et à la lumière du soleil. Quelques photographies familiales sont clairsemées ci et là et celles qui commencent à jaunir retracent un bout de l'aventure. Sur une table de volumineux dossiers s'empilent méticuleusement et soigneusement rangés par Zaza sa femme. Il ne fait pas très chaud car il n'y a pas d'isolation, à peine 13 degrés mais Zaza s'active à alimenter en bois la grosse cheminée en briquettes et chaux ainsi que le poêle près de la cuisine tout en nous servant un café :

« La chaleur monte vite..c'est cela le luxe. me dit il,

-Jamais malade, ajoute zaza »

Nous voilà à entamer notre entretien et je dois dire que son éloquence est limpide, rigoureuse avec la pointe d'humour qui fait mouche. Je ne peux que boire ses paroles mais arrive quand même à poser mes questions. La conversation est riche, intense. Il connaît ses dossiers par cœur et ses connaissances historiques comblent mes lacunes. Il me donne les réponses à ce que je venais chercher confortant mes incertitudes. Ne cherchez pas ou se trouve la flagornerie car le monsieur sait reconnaître le flagorneur au premier coup d'oeil. Avec lui c'est du cash sans tricherie, sinon tu repars d’où tu viens. Mais avant de continuer mon récit, je voudrais revenir sur celle qui vit discrètement dans son ombre mais qui pourtant reste à mes yeux, une des clefs de leur réussite. Zaza est à la fois l'intendante, la boniche et la mère de ses sept enfants. Elle s'occupe de tout dans la cabane et quand Benoît prend la grosse colère quand les papiers sont mal rangés, elle s'exécute à réparer en maugréant doucement. Quand je lui fais remarquer que son comportement avec sa femme me paraît choquant, il explose de rire :

« Dis donc Zaza... notre ami est choqué par mon comportement vis à vis de toi.

Elle passe la main dans ses cheveux en levant les yeux au ciel.

-J'ai le cuir épais me répond elle. »

Je demande alors comment ils s'étaient rencontrés. Il lui laisse l'honneur de répondre mais Zaza, le discours ce n'est pas trop son truc. Quelque peu gênée, elle raconte de manière confuse leur rencontre. Je regarde le bonhomme, il a posé les mains sur son ventre, ses yeux mis clos brillent de mille feux, il jubile tendrement. C'est bon...merci...j'ai compris.

Mais c'est un peu plus tard que j'ai formé mon intime conviction. Après m'avoir mis le couvert pour déjeuner comme un touareg offre l'hospitalité au voyageur égaré, il me raconte sa vie d 'avant sans chichis . Le bling bling, rouler avec sa rolls, son appartement en face de l’Élysée, les affaires. Il aimait beaucoup cette vie mais Zaza, pas du tout. Elle préférait fuir le plus vite possible Paris pour retrouver sa terre natale en rêvant à une vie de Robinson, avec lui et avec beaucoup d'enfants. Alors quand il a pu acheter le terrain et que sa maison d’enfance était partie avec la mer, ce fut le déclic. Il fallait à tout prix reprendre à la mer ce qu'elle avait pris pour y construire son paradis. Un challenge insensé, titanesque semé d’embûches qui dura plus de dix ans, qui continue et qui continuera encore. Les enfants ont participé à cette épopée confortant la transmission et ils ont pu s'épanouir pleinement pour constituer un réel art de vivre. On ne peut être que sous le charme et admiratif. J'ai essayé de chercher en vain un grain de sable dans cette harmonie mais je n'y suis pas arrivé.

En fin d'après midi un photographe de magazine se pointe pour lui tirer le portrait. Nous allons sur la digue et Benoît en vieil habitué des shootings s'exécute à la pose avec bienveillance puis s'agace un peu car le gars mitraille un peu trop. Je lui demande si avec le changement climatique, il ne craint pas l'arrivée d'une big one, de l'énorme tempête.

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« Non absolument pas. Je crois en la providence de la nature. Elle est beaucoup plus forte que nous. Alors si elle détruit, je reconstruis. »

 

Après avoir assisté au coucher de soleil féerique, il est temps à présent de quitter le lieu. Je lui exprime toute ma gratitude pour cette délicieuse journée et m'approche pour lui serrer la main en guise d'au revoir mais après une demie seconde d'hésitation, il me fait la bise. Autant vous dire que je suis rentré chez moi le cœur léger et la tête remplie d'étoiles. A la maison je regarde discrètement ma petite famille vaquer à ses occupations et je me sens extrêmement bien.

Pour conclure, il serait bien de réhabilité une bonne fois pour toute Benoît Bartherotte pour la construction de cette digue désormais classée d'utilité publique. Sans son ouvrage, les 44 hectares auraient été rayés de la carte, le phare aurait les pieds dans l'eau et le Pyla subirait les assauts de l'océan comme à Lacanau ou Montalivet. Aujourd'hui c'est scientifiquement prouvé.

J'ai rencontré un homme de passion, créateur sans limite, profondément humain qui mérite le respect. Intègre et attachant, son coté anarchiste de droite lui a permis de résister aux propagandes néfastes, aux tentatives de corruption de l'oligarchie arcachonnaise. Il pourrait prendre la devise de Philippe Beaussant sur l'art baroque :

« Monde où tous les contraires seraient harmonieusement possibles »

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BINGO

 

Mes lecteurs sont formidables. Ils m'envoient de la matière pour que mon imagination se mette en marche afin de pondre des mots dans lesquels quelques vérités peuvent se cacher. C'est sur dans ces mails, il y a à boire et à manger. Les dénonciations sur des liaisons extra conjugales dans certaines mairies sont croustillantes et ne manquent pas de sel mais je me refuse à plonger dans la gaudriole. Je reçois aussi des infos sur les magouilles de nos édiles tellement énormes qu'elles pourraient être vraies. Avec toutes les casseroles de quelques élus du bassin d'Arcachon on ouvrirait un grand restaurant mais je vérifie toujours mes informations avant de lâcher la bride. J'en ai quand même retenu une qui a aiguisé mon appétit. On m'a signalé que «le béguey» (petit coq en gascon) alias Bruno Lafon maire de Facture-Biganos avait été tiré au sort pour le congrès annuel des maires à l'Elysée . Dans un reportage de France2 au Journal télévisé du 20heures le 18 novembre on se demande s'il n'a pas réuni sa famille pour recevoir leurs doléances. Il ferme lui même la mairie en ayant vérifié si toutes les lumières étaient éteintes et les robinets fermés. Puis il enfile un béret noir sur la tête pour retrouver les gilets jaunes sur un rond point, leurs claque presque la bise, pose pour un selfie puis doit récupérer une lettre avec leurs revendications qu'il devra remettre en main propre à notre président jupitérien. Son heure de gloire vient de sonner. Il est le père de ces âmes égarées, distribue des permis de construire, des logements sociaux, du travail. Des bouffées de chaleur envahissent son esprit et son corps. Une fièvre narcissique commence à s'installer le mettant dans un état second. Avant de se coucher, devant le miroir de la salle de bains, il observe sa musculature puis fixe son visage. Il est tout puissant. Après une longue expiration :

« -Bibiche prépare toi, je suis en forme. »

Après son discours, le président décide d'aller serrer quelques poignes pour rassurer les édiles et redorer un peu son image. Dans le lot il aperçoit un gars tout rouge qui transpire abondamment et qui agite une enveloppe. Il se dirige vers lui ;

« - Monseigneur, je suis « nono » euh.. Bruno Lafon du bassin d'Arcachon et je viens vous remettre une lettre de mes gilets jaunes.

-Allons, redressez vous. Nous ne sommes pas à Versailles. Je vais la lire de ce pas » Répond Manu 1er. Il déchire méticuleusement l’enveloppe avant de déplier la lettre dans laquelle on peut lire :

Raymond va au Lidl et ramène :

Café

Saucisse

Ricard

Cacahuètes.

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