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LE CRI DE LA BERNACHE
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LE CRI DE LA BERNACHE
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9 août 2014

HUMEUR CHAFOUINE

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L'autre jour chez des amis, j'ai bien cru entrer dans la quatrième dimension.A notre arrivée une femme tout droit sortie du film 'Hair' faisait les cent pas autour de la piscine. La cinquantaine bien passée grâce à l'absence de maquillage, des cheveux longs soyeux attachés par un chouchou laissant passer quelques blancheurs du temps elle portait des espadrilles rouge fluo qui  cassait net le personnage. Elle s ' approcha de nous en tendant sa main et d'une voix grave mais suave :

« - Bonsoir, je suis Marilyn comme Marilyn Monroe ou Marilyn Manson »

Dans ma tête je me suis dit qu'elle venait de quitter sa planète pour atterrir à cette soirée mais j'aime bien ce genre de rencontre et j'allais être encore plus ravi en voyant débarquer le dernier invité.

 

 

 

Dans son bureau tard le soir, Olivier Laban(président du comité régional conchylicole) compte puis recompte la recette de son commerce et il a la banane. Bernadette Dubourg ( la journaliste locale du journal Sud ouest) fait irruption complètement surexcitée :

« -Commandante Laban, il va falloir prendre les armes.Les vendéens et les charentais passent à l'attaque et ils sont furibonds. Le journal a réussi à camoufler l'info sur l'édition du bassin d'Arcachon sans pour autant l'ignorer.

http://www.sudouest.fr/2014/08/05/la-rochelle-ostreiculteurs-et-conchyliculteurs-crient-leur-colere-aux-pouvoirs-publics-1634039-4628.php

- Du calme ma Bernie. Les ventres à choux sont des braillards. Ils feront comme nous, les subventions sécheront leurs larmes et leur colère.

- En tous cas, ils en ont dans le pantalon eux mais toi à ce que je vois, les affaires marchent bien.

- Pour une fois que l'on a pas une interdiction de vendre et grâce à ce temps de merde les touristes affluent dans les cabanes pour se goinfrer d' huîtres, de vin blanc et de pâté à deux sous. Ils boufferaient n'importe quoi. Ma dernière livraison d'Irlande estampillée Banc d'Arguin après trois jours d'immersion est partie comme des petits pains. J'en ai refourgué au tournoi de pétanque Star West et Montiel, comme d'habitude, s'est jeté dessus comme un morfale. Il ne faut pas que j'oublie d'envoyer la cuenta à ton seigneur. Tu devrais aller le voir. En ce moment, il paraît qu'il est d'humeur chafouine. »

 

 

Jean Pierre est le genre de gars qui ne passe pas inaperçu. Une grande gueule qui attire de suite une certaine sympathie. Taillé comme un bûcheron, des yeux rieurs sur un visage bien rougeaud, une chemise rose douteuse entrouverte laissant deviner une petite bouée ventrale , un short de bain hawaïen et des tongs, il tient dans ses bras trois caisses de vins.

« Salut les amis, c'est tonton JP qui amène le jaja. Vous allez m'en dire des nouvelles. Un petit rouge sans étiquette, détourné au nouvel amant de ma femme qui est entre autre le maître de chai du château ou je bosse. Je vous le laisse pour 4 euros la bouteille. J'en ai gardé une caisse pour Dédé car demain avec sa femme Georgette nous devons aller passer la journée sur l’île aux oiseaux. »

 

 

Bernie arrive à la kommandantur et la petite lumière au dernier étage lui indique que le seigneur est toujours dans son bureau. « Crème anti ride »alias Yves Foulon le député maire d'Arcachon potasse encore les dossiers Vinci, Eiffage et Bouygues car il n'a toujours pas trouvé la bonne solution pour les régaler avec le gâteau du Pole océanique. Il referme les dossiers pour attraper une facture qui traîne au coin de son bureau quand Bernie fait son entrée à pas feutrés.

« Tiens Bernie! Que viens tu faire à cette heure tardive ?

-Monseigneur, j'ai entendu dire que vous étiez d'humeur chafouine ces temps ci.

-Tu as raison. Les contrariétés me tombent dessus jour après jour et le mauvais temps m’empêche de garder mon teint halé. (Il balance la facture dans les airs) Regardes ton ami 'le roi de la triploïde', il me prend toujours pour Crésus. Il veut encore que je paye ses cailloux au prix d'une Gillardeau. Je le rince à longueur d'année mais il en veut toujours plus, le bougre. L'état vient de lui refiler 45 hectares de plus au banc d'Arguin . Alors il jubile le bonhomme. Tandis que moi le décret des socialos, sans concertation des élus, il me met dans la merde avec les bouffeurs de coque qui ne pourront plus passer la nuit sur le banc de sable alors si je ne fais rien, ces ploucs sont capables de mettre le souk à la messe des marins le 15 août pendant que j'entonnerais l'avé maria avec la baleine (la sénatrice) et Michou (le maire du Cap Ferret).

http://www.sudouest.fr/2014/08/07/reactions-autour-du-banc-d-arguin-1635428-2733.php

- mais enfin monseigneur... la concertation pour faire tourner la machine à cash au nom du développement durable elle dure depuis un demi siècle et le décret va dans le bons sens, ne croyez vous pas ?

http://www.sudouest.fr/2014/07/25/banc-d-arguin-tout-ce-que-le-decret-va-modifier-1624494-2733.php

Le député relève la tête et de l'urticaire apparaît sur son bronzage

-Dis donc ma Bernie, si tu ne veux pas finir pigiste à Bio magazine, tu as intérêt de bien réfléchir pour ton prochain article sinon le chafouin, il va te sortir ses griffes.

 

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Valérie la maîtresse de maison vient d'amener le foie gras que Gillou son bon landais de mari a préparé à la perfection. Juste mi cuit avec la petite touche d'armagnac pour rappeler le côté gascon. Un pur régal pour les papilles. Jean-pierre en gentleman se lève pour servir les toast et présente le plat à Marilyn :

« - Non merci je suis végan.

-Quoi ?! La petite dame roule en mégane. Quand on part en Renault, on revient à vélo. Non moi, j'ai une bonne vieille Volvo. La suédoise elle est fidèle pas comme mon ex femme. Si tu la câline elle te laisse tranquille.

- Non je suis végan. C'est à dire que je ne mange pas et n'utilise pas tous ce qui provient du monde animal. 

- Ah je vois, votre vierge à vous c'est Brigitte Bardot. C'est comme ces couillons à La Teste qui veulent interdire le parc aquatique. Vous avez raison, renvoyons les otaries chez les inuits, ils auront un manteau et à manger pour l'hiver. Pour les requins coupons les ailerons pour que les petits chinois puissent boire une bonne soupe.                                                  

-Chaque été mes parents m 'amenaient au fin fond de Marmande ou tonton Marcel élévait des cochons. Je devais avoir 5 ou 6 ans quand je me pris d'affection sur un petit d'une dernière portée. Je l'avais même appelé Zonzon. Il me suivait comme un chien. L'année suivante Zonzon avait pris 200 kilos et nous sommes arrivés quand tonton affutait ses grands couteaux de cuisine. Et quand Zonzon m'a vu il a couiné jusqu'à son dernier souffle. Depuis ce jour, je me suis promis de ne jamais plus manger de viande.

-C'est une bien triste histoire mais pourtant, dans le cochon tout est bon. Puis faire ripaille aprés l'avoir tué c'était un rituel, une tradition. Maintenant, on ne peux plus rien faire, on interdit tout. Même les arabes ne peuvent plus égorger leur mouton dans leur baignoire. On veut tuer les traditions.

-Euh, je crois que l'on s'égare un peu. Je vous amène la suite » répondit Valérie  le sourire en coin.

Les magrets avec les haricots verts fraichement cueillis furent délicieux autant que la suite de la soirée. Marilyn grignota tous les végétaux qui trainaient sur la table tout en s'abreuvant énormement du vin rouge à Jean-Pierre d'ou cette réflexion de ce dernier :

« -Si madame aime le vert, elle apprécie aussi le rouge.

-Que voulez vous cher monsieur, seule la couleur rouge arrive à combler mes états d'âme.

L'ivresse aidant nos deux personnages nous livrèrent des conversations d'un haut niveau de surréalisme pour le bonheur de tous. Tout partait en vrille dans la plus belle des fulgurances. Nos deux amis ont fini bras dessus dessous, clopint clopant par rejoindre la chambre d'ami proposée gentiment par Valérie. Je retiendrais longtemps cette dernière envolée de Jean-Pierre sur la corrida.

« -Marilyn. Un torero qui a au bout de son épée un taureau essoufflé à la langue pendante ne pense qu'à une seule chose. Le tuer le plus dignement possible. Penses tu qu'un sniper à Gaza qui a dans sa mire un enfant de 8 ans pense la même chose ?... Allez mes amis, levons nos verres et pour JP se sera deux oreilles et la queue.

 

Le lendemain aux pieds des cabanes tchanqués de l'ile aux oiseaux dans l'artaban, Jean-Pierre et ses amis finissaient de refaire le monde en attendant que la marée remonte. Dédé avait bien aimé son vin rouge et lui passait commande de trois caisses.L'heure de l'apéro approchait de plus en plus. Georgette sortit un beau saucisson de campagne qu'elle débita aussitôt en rondelles et ouvrit une boite d'olives vertes qu'elle déposa sur la table :

« -Je m'en vais vous chercher des bigorneaux pour compléter les olives puis 5 minutes dans l'eau bouillante avec un brin de laurier et c'est le top. »

Jean- Pierre en profita pour utiliser les toilettes du bateau et quand il revint :

« -Dis donc Dédé. Il ne marche pas ton chiotte et en plus il ne faut pas être épais pour entrer dedans.

- A ça c'est sûr. T'as raison mon JP. Les grosses fesses à Georgette arrive à peine à s'y poser et quand elle y arrive, le sani broyeur est HS.Donc nous faisons dans l'eau. On économise ainsi du papier.

-Mais c'est interdit.

-Attends, les cygnes ils font de plus gros étrons que moi et on ne dit rien alors ne viens pas m'emmerder avec tes interdictions. »

Georgette avec son bon quintal avance dans l'estey pour essayer d'atteindre un crassat ou quelques bigorneaux somnolent mais ses deux jambons plantés dans la hagne sont comme un bouchon de pêche quand un poisson mord à l'hameçon. Elle a un mal fou à se sortir de ce bourbier et l'eau qui commence à lui lécher la couenne annonce le tournant de la marée.

Après avoir enfilé le saucisson, avalé les olives, descendu quatre Ricard bien tassés le bateau flottait déjà depuis un bon moment. Dédé se retouna vers le coin cuisine :

« -Oh Georgette ça vient ces bigorneaux? »

En l'absence de réponse, il chuchota à l'oreille de JP :

« -Elle est un peu chafouine en ce moment. »

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