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LE CRI DE LA BERNACHE
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LE CRI DE LA BERNACHE
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4 janvier 2013

SANS VOEUX ON S'EN VA

lampe

 

Les fêtes de fin d’années peuvent être détestables pour les uns ou adorables pour les autres. Pour ma part, je ne suis pas un aficionados de ces festivités mais ma femme Isa aime la tradition et  la magie dans les yeux de mes enfants me poussent à devoir partager. C’est dans le cliché classique de la famille harmonieuse que nous avons fêté Noël. Maison ouatée, tamisée par un contingent de bougies, du bois dans le foyer du vieux poêle Godin, Jingles bells et mon beau sapin s’échappant de la boîte à musique de la grand-mère que ma fille s’acharne inlassablement à remonter.

Avec plusieurs flacons de grand champagne classieux je me suis goinfré de foie gras, j’ai englouti une montagne de toast au saumon fumé et avalé deux bonnes douzaine d’huitres 100% naturelles du bassin d’Arcachon. Pas comme ces pseudo restaurateurs d’Arcachon qui voulant faire le buzz pour la fin du monde avaient décidé de concocter un menu à 650 euros dans leur cantine à touristes en proposant des huitres Gillardeau . Même si les Gillardeau sont des rolls, le bassin regorgent encore de belles berlines. Ils proposaient du caviar à la louche ce qui est à mon sens une faute de goût. D’accord pour payer 650 euros, mais dans un étoilé.  Avoir la primeur d’un article dans le journal Sud Ouest me parait assez lamentable représentant simplement un bel exemple de copinage.

Bref, la soirée s’est déroulée merveilleusement dans l’ivresse de la convivialité savourant chaque instant de joie de mes proches. C’est en ouvrant les yeux le lendemain que les choses avaient changé. Un père Noël aviné ronflait royalement à mes côtés dans mon lit. Le vieil Armagnac qu’Isa ne voulait pas que je boive m’avait surement projeter dans une autre dimension. Quoi qu’il en soit, il était bien là et ses bottes remplies de boue avaient bien dégueulassé la couette. J’essayais en vain de le réveiller en le secouant:

« -Oh Père Noël.. Que faites vous dans mon lit?

-Laisses moi dormir, j’ai fini le job » répondit il sèchement.

- Oui mais pourquoi chez moi?

-Je ne sais pas. Tu as l’air sympa et ta cave me plaisait bien.

-Mais vous ne pouvez pas rester là!

-Ecoutes, ne m’emmerde pas. Je suis totalement déglingué et déprimé. J’ai refourgué des tonnes de tablettes tactiles qui apportent l’esclavage et la mort des enfants chinois. J’ai offert des tas de téléphones portables qui apportent misère, viols des femmes et morts des enfants au Kivu dans l’indifférence générale du monde entier. Sans parler des petits enfants américains à qui j’ai refusé leur commande de fusil d’assaut pliable dans un cartable. Les temps sont durs mon bon monsieur. J’ai du vendre mon image à Canal + car Milka voulait peindre mes rênes en mauve. J’ai dû embaucher des lutins roumains et slovaques car les miens avaient monté un syndicat pour se faire payer les heures de nuit. Les Syriens ont tiré sur mon chariot et les enfants des riches s’exilent sans laisser la bonne adresse. Alors, je ne peux rien faire pour toi …mais peut être que lui pourra t‘aider.»

Le brave homme fouilla dans sa poche pour en sortir un objet qu’il me posa entre mes mains avant de se rendormir aussi sec. C’était une petite lampe Aladin rose en plastique usagé. Je frottais le couvercle et un nuage de fumée nauséabond s’échappa dans la pièce libérant un génie en piteux état. Tout maigrichon, une barbe de trois jours, des valises sous les yeux il semblait sortir d’outre tombe. Il fixa mon regard pour me dire:

« Si tu veux du pognon c’est râpé. Je suis lessivé. J’ai investi chez Natixis et chez Dexia et ils m’ont mis sur la paille. Coté gonzesse, il ne me reste pas grand-chose. C’est la dèche. Avec la crise elles se barrent toutes ou l’on respire l’odeur de l’oseille. Cote mec j’ai ce qu’il faut si ça te branche. Je parie que c’est le vieux con qui t’a refilé la lampe. Cet abruti va bientôt finir à l’hospice car il ne supporte plus les mômes. Triste n’est-ce pas?! Bon ce n’est pas tout, j’ai la dalle alors concluons vite notre affaire avant qu’il se réveille. Tu as un vœu à choisir. Réfléchis bien.

-Je voudrais faire péter l’oligarchie du bassin D’Arcachon pour essayer de sauver ce qui pourrait être sauvé et redonner enfin, les titres de noblesse à cet écrin.

-Ah Ah Ah. Quel bel utopiste que voilà. Avec la gauche en chute libre, ils vont gagner les municipales les doigts dans le nez. Laisses moi te raconter une histoire. Il y a quarante ans, c’est mon père, tu sais le gros le bon génie bien gras, qui a exaucé le vœu d’un des seigneurs en lui donnant la formule pour avoir la main mise et construire son empire avec ses amis et les gros lobbys. Ce qui arrive aujourd’hui n’est pas le fruit du hasard, ou la faute à truc, à bidule ou à machin. En 1977 ils avaient déjà décidé de privilégier le tourisme et l’urbanisme. Il fallait donc réduire le parc ostréicole pour gagner de la place. Alors, ils ont fait croire que… Bah bah bah. Je ne devrais pas te raconter tout ceci. Beaucoup de gens savent mais se taisent. Hélas je ne peux rien faire pour toi. La lutte est la seule solution. Elle doit être sans concessions et de tous les instants. Faire d’une faille un trou béant et ne jamais cesser de croire que la justice vaincra d’une manière ou d’une autre. Bon j’arrête là mon bavardage. De toute façon, tu étais dans un rêve, à trois, l’autre pochtron et mézigue auront disparu. Bon courage et bonne année. UN, DEUX ,TROIS.

 

 

 

Un esprit du bassin d’Arcachon s’est envolé.

 

huguette

 

A elle seule elle était la pure définition de l’esprit bassin dans le sens noble du terme. Sa disparition m’a beaucoup attristé car nos vies se sont parfois croisées posant un petit caillou à ce que je suis devenu aujourd’hui. Il y a peu on pouvait encore la voir au port ostréicole pour aller faire la bise à ses enfants ou donner un coup de main. Avec sa crinière d’un blanc neigeux, son visage enjôleur buriné par les saisons, son dos vouté par le labeur et sa vareuse comme une seconde peau, ses coups de gueule pouvaient résonner dans toutes les darses. Son leitmotiv était de transmettre. Transmettre son savoir faire, sa philosophie en respectant le cadre vie. Toute une vie à travailler les huitres, à pêcher pour rester en harmonie avec le bassin. Elle m’a appris l’humilité, à combattre la dureté du travail. Elle venait nous réveiller en hurlant:

«Debout bande de fainéant. Regardez moi ces grosses loches. Filez vite, la marée n’attend pas" 

On enfilait fissa nos affaires pour affronter le froid hivernal et aller ramasser huitres et palourdes sur les terres découvertes. Au retour de la marée, elle nous attendait sur le quai pour décharger, trier et mettre en poche:

« Allez vous reposez les drôles, je vais le faire »

Sans avoir fait des études, elle était très cultivée et curieuse de tout. En un coup d’œil elle savait à qui elle avait affaire et remettait quiconque à sa place par une phrase fracassante remplie d’humour. Elle pouvait aussi balancer du vitriol et quand ce n’était pas justifié, il fallait l’affronter pour qu’aussitôt elle vous invite à manger. Ses repas étaient gargantuesques. Tout en convivialité, dans la joie et la bonne humeur à déguster longuement des plats maison avec les meilleurs produits pour de belles recettes, jusqu’à savourer sa confiture de vieux garçons. Du top.

Elle avait aussi le sens des affaires avec le slogan qui tue:

« Chez Huguette tout est chouette »

La cabane ostréicole devenait une dégustation est tout d’un coup une institution venait de naître donnant une nouvelle âme au port. Ainsi le restaurant l’Esquirey apparaissait avec l’idée de faire simple mais frais. Amplifiant le concept ce lieu est devenu incontournable. Au fil du temps d’autres affaires fleurissaient en laissant un large choix aux touristes et habitués.

Passionnée de Rugby, elle aimait suivre les matchs de ses gosses et vibrait jusqu’à la dernière seconde. Un arbitre, la reconnaissant sur le bord du terrain arrêta le match pour aller lui faire la bise.

Huguette, Guéguette pour les intimes était une figure d’ Andernos les bains et du bassin d’Arcachon. Elle est partie juste avant le nouvel an car elle ne devait pas aimer le chiffre 13.

Bon vent Guéguette.

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