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LE CRI DE LA BERNACHE
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LE CRI DE LA BERNACHE
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10 novembre 2010

TIENS BON GEORGES.

Georges est un brave type. Ce matin il doit se lever car le RSA a dû être virer sur son compte. Il était cadre dans le groupe LVMH et avait monté seul l’escalier social grâce à son abnégation au travail. Il comptait bien avoir le poste tant convoité de directeur régional. Il le méritait bien mais le PDG Bernard Arnaud en avait décidé autrement en plaçant le fils d’un ami proche qui sortait d’une grande école américaine. Ce dernier licenciait immédiatement Georges prétextant une délocalisation inévitable. A 55 ans la vie de Georges basculait dans le côté obscur. Sa femme s’enfuyait avec un anonyme rencontré sur Meetic pour éviter de ressentir la détresse ambiante. En deux ans il dilapidait ses économies puis son chômage pour se retrouver en bas de l’échelle. On lui proposait bien des petits boulots de merde mais il refusait ces offres. Il ne méritait pas cette situation. Il se laissait vivre dans un petit meublé dont il ne pouvait plus payer le loyer. Les courriers recommandés s’amoncelaient sur la commode et l’huissier  allait le virer à la fin de la trêve hivernale.

Au réveil Antonio s’aperçoit que sa femme n’est plus dans les draps en soie. Elle a surement un rendez vous avec son chirurgien esthétique pour essayer le nouveau Botox ou fait simplement du step avec Kevin son coach personnel. Il se lève, branche l’immense plasma sur Bloomberg France puis attrape son Iphone pour donner quelques ordres à ses assistants. Il se regarde dans le miroir de la cheminée et en raccrochant, le reflet lui renvoie un sourire de satisfaction.

Chaque début de mois, il y a foule aux guichets de la poste. Mais il y a toujours du monde à la poste. L’état providence distribue les pépettes aux miséreux. Georges attend son tour, un peu honteux. Il rêve de pognon pour foutre définitivement le camp de ce pays . Il n’en peut plus de vivre pire qu’un rat, il ne supporte plus ce gouvernement avec ses affaires de fric, d’arrangements, de corruption, ces banquiers qui s’enrichissent à outrance, ces patrons qui se goinfrent en lessivant leurs ouvriers, l’équipe de France  de foot qui fait grève. La guichetière lui tend ses 460 euros sans la moindre émotion.  Il cueille 100 euros pour filer au bar tabac du coin.

Antonio est dans sa limousine pour aller à son bureau dans une tour de la défense. Il parcourt « le Financial times » en écoutant Elkabbach. Les embouteillages ne dérogent pas à la règle. Concert de Klaxons et invectives fusent de tous les bords. La voiture n’avance plus.
« -Jérôme prenez les couloirs bus. Ne vous inquiétez pas, je connais bien le ministre Estrosi. »

D’habitude en arrivant au « Pacha » Georges achète toujours un ticket de Black jack. Aujourd’hui, il n’a pas le cœur à cela. Il préfère s’assoir, commander un café puis jouer à l’AMIGO  le nouveau jeu de la française des jeux qui remplace le RAPIDO. Un tirage toutes les cinq minutes. Comme le RAPIDO ne rapportait pas assez , ces fumiers de la française ont crée AMIGO qui propose des gains plus important mais avec moins de chance de le remporter. Georges est persuadé qu’un jour il va touché le jackpot. A coup de deux euros la grille, il va jouer ses 100 euros jusqu’à midi. A cet instant une mamie débarque en grattant un ticket de black jack. Bingo! 2000 euros cash. La vieille est folle de joie presque à attraper le malaise. Georges est fou de rage.  Il se lève pour mettre une pièce dans le juke box vidéo:

Au dernier étage de la tour, Antonio contemple le panorama de la ville qui s’étend à ses pieds tout en laissant traîner une oreille sur les cours de la bourse. Sa femme vient de l’appeler pour déjeuner chez Ducasse à midi après une petite heure shopping chez Cartier. Antonio se retourne, scrute une dernière fois les cours de la bourse, prend son Iphone:

« Ok vendez tous. »

A midi, il ne reste plus que 1 euro en poche pour Georges. Il est arrivé à gagner jusqu’à 50 euros, mais il a préféré jouer pour gagner plus à défaut de travailler plus pour gagner plus. Il est temps de partir. Il a assez pour aller s’acheter une baguette pour manger avec ses nouilles. Le soir au journal de 20 heures, il apprend que le numéro deux de chez LVMH  Antonio Belloni à gagner 18 millions d’euros dans la journée. 1400 ans de smic. Avant, on aurait crier au « Délit d’initié » mais non, aujourd’hui les institutions tolèrent ce genre de chose tant que la planche à billet tourne à plein régime. Sauf que Antonio Belloni était le patron de Georges et que c’était lui qui lui avait promis le poste de directeur. Georges avale cul sec son verre de vin rouge, éteint la télévision puis file à la commode pour y sortir un 357 magnum emmitouflé dans un chiffon. Les larmes aux yeux il enfile une balle dans le barillet  et le bruit de la roulette russe ressemble étrangement à celui de la roue de la fortune.

Vers 21 heures Antonio Belloni rentre à son appartement cossue du 16 ème arrondissement Tout est étrangement calme. Il est accueillit par l’acier froid du canon d’un gros calibre sur sa tempe. Sa femme est nue complètement saucissonnée sur le canapé en cuir du salon. Georges demande à Antonio de se déshabiller et de s’assoir sur une chaise de cuisine. Antonio est complètement terrorisé par la situation se retrouvant projeter dans «  Orange Mécanique ». Georges préfère lui appliquer le must des ‘bondages’ et lui scotcher les paupières pour qu’elles restent ouvertes  de jour comme de nuit.
Georges aurait pu violer sa femme mais elle est trop siliconée à son goût. Il a dû la gifler à plusieurs reprises pour qu’ elle cesse de couiner.
Après s’être fait ouvrir le coffre , Georges admire les liasses de 500 euros qui abondent copieusement. Il prend les bijoux de madame et enfile à son poignet une belle Rolex collection de monsieur. Elle n’était même pas à l’heure. Il y a aussi un dossier dont le nom est «  Fadela Amara ». Tiens tiens!! En le lisant, il apprend que Fadela prête son logement de fonction de 120 mètres carré et qu’elle vit dans un 50 m carré au loyer de 700 euros alors qu’elle gagne 11000 euros par mois. Plus loin, on apprend que le frère de Fadela, Hassein, a assassiné un propriétaire qu’il venait de cambrioler. Condamné à 16 ans de prison en 1995, sa carte de séjour a été bizarrement renouvelée et aujourd’hui ce monsieur est en stage à la mairie de Nice chez un certain monsieur Estrosi. C’est pas beau la vie?! Pour Georges c’est la goutte qui fait déborder le vase. Il approche Antonio devant le plasma, la tête sur l’écran puis lui attache une corde au bout de l’orteil relié à la détente du 357 magnum qui est fixement scotché sur la commode. Au moindre mouvement la cervelle explosera comme un melon au soleil.
Georges met un dvd  dans le lecteur en lecture continue , monte le son à fond, regarde une dernière fois la terreur dans les yeux d’Antonio, puis part en fermant doucement la porte. Le lecteur se met en route:

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